mercredi 29 février 2012

And I will strike down upon thee with great vengeance and furious anger those who would attempt to poison and destroy my brothers


 


Voilà. Je n'étais pas naïf mais j'ai pu y assister en direct. Totalement par hasard. Je rentrais déjeuner à la maison, dans un centre ville survolté à cause de la manif des étudiants. Des camions de CRS hurlaient  et avançaient à toute vitesse, comme des folles hystériques, à chaque coin de rue. Ils s'arrêtent d'un coup, à quelques mètres de moi, qui m'empresse à me mettre au couvert avant que le bras de la loi n'écrase dans toute son arbitrariété, puissance et vitesse, tel un tonnerre, tout ce qu'il y a autour. 

Autant dire que je ne croirai plus jamais la presse inféodée aux pouvoirs publics. Pour qu'il y ait "affrontement", le mot qu'utilise même Publico, (le journal en théorie le plus à gauche, fondé par le milliardaire extrotskyste (sic) Jaume Roure), il faut au moins deux forces en présence. Peut-être ailleurs, en ville, je ne sais pas, je n'ai pas vu. Moi je n'ai vu qu'un lynchage.  


mardi 28 février 2012

Le Front National au milieu du gué

Intéressant ce qu'il se passe au Front National.

Marine Le Pen a depuis quelques années entrepris une dynamique de "relooking" et de "dédiabolisation" du parti de son père. L'enjeu est de faire disparaître au moins publiquement, les accointances trop visibles du FN avec les traces honteuses et rédhibitoires du passé. Finies les bonnes blagues sur les camps de concentration, au placard les grosses nostalgies de l'Algérie française, place à une nouvelle éthique de la responsabilité : si le FN veut gouverner, il faut qu'il fasse peau neuve.
Le schéma serait en gros le suivant: les vieux ont eu leur temps, ils ont eu leur succès mais aussi leurs déconvenues (qu'on se rappelle des ruptures Mégret-Le Pen, du faible score de ce dernier en 2007 malgré le 21 avril 2002 qui a été suivi d'une relative traversée du désert...), ils ont surtout été incapables de faire face au phagocytage d'une grande partie de leur lexique et de leur fond de commerce par la nouvelle droite décomplexée (Guéant, Hortefeux et consorts), qui n'a de nouveau que le nom puisqu'elle aussi prend ses racines dans les carrefours idéologiques fondés dans les années 70 parmi les anciens de l'OAS, les déçus du gaullisme, les ex-collabos honteux, les traditionalistes sur le retour, les universitaires crypto-fascisants et leurs étudiants aux cheveux courts et idées rases... : tous ces réactionnaires recomposés en quête d'idées neuves qui fondèrent la matrice de biens de nos hommes politiques actuels (Occident, le GUD, le GRECE...), lesquels, s'ils turent aux moments opportuns leurs tentations xénophobes, autoritaires, racialistes et autres sympathiques penchants philosophiques, semblent retrouver une seconde jeunesse à la faveur du grand lâchage général et de l'éloignement des catégories morales posées aux lendemains de la guerre.

C'est bon ? vous avez repris votre souffle ?

Je continue.

Ainsi, prenant acte de ces recompositions, et souhaitant les accompagner, il s'agissait de susciter la grande et officielle réconciliation des droites dans un horizon de moyen terme, quand par exemple auront clamsé avec leurs porteurs tous les souvenirs des années les plus noires de la France contemporaine ( en gros 1930-1960 ). Place devait être faite à un nouveau Front, plus propre, plus clean, plus beau, plus acceptable, plus raisonnable, mature, sans acné sur les joues mais sans sang sur les mains, plus républicainement compatible, capable de transiger avec quelques vieux débats croupis qui fondaient l'identité de l'extrême droite (ex: l'IVG), mais surtout aptes à renouveler, par le biais d'une science du retournement lexical qui a toujours été l'un des apanages de l'extrême droite, les fonds structurels de sa pensée que sont, en vrac, la xénophobie, le nationalisme, le sexisme, la haine de classe (j'en passe...), les faisant passer pour des débats politiques normaux du champ politique.
Par exemple, en prétendant défendre la laïcité en pointant la menace de l'islamisation de la France, objet floue qui a l'intérêt majeur de convoquer tacitement dans l'inconscient collectif les images du bougnoule menaçant sous les traits rénovés du " jeune racaille en capuche de la banlieue" ; laquelle imagerie répulsive de nos fabuleux temps modernes dépassant d'ailleurs largement le spectre de l'extrême droite puisqu'elle s'incarne, sous des tours nuancés et parfois poétiques, jusque dans les écrits de quelques penseurs, philosophes, intellectuels, féministes se réclamant de la gauche humaniste. On peut dès lors dire que le FN a connu quelques succès intellectuels, qui ne doivent certes pas qu'au travail de Marine mais beaucoup aux talents de son père, et aussi, il faut le dire, à la droite opportuniste et dévergondée et une partie de la gauche, honteuse et "pragmatique". Révélatrices ainsi étaient les politesses, les déclarations de bonnes intentions, d'accords de principes que Guaino et Le Pen se lançaient l'autre jour à la télé.

N'étant pas spécialiste du Front National, comme il en est de nombreux dans la sphère médiatique, je ne peux m'en tenir qu'à des hypothèses et à des supputations plus ou moins hasardeuses. Je peux bien imaginer par exemple, qu'un conflit oppose schématiquement au sein du Front les Anciens et les Modernes, les premiers n'étant pas nécessairement encore tout à fait crevés et ayant même des héritiers tout nouveaux que je situerais, grosso merdo, parmi les Identitaires, crypto-fascistes etc. Bref, ça doit bouger encore du bras levé sous la blonde chevelure marinienne, surtout dans le contexte de saine et fraiche émulation idéologique que les nouvelles droites européennes sont en train de dessiner. Je tourne pour illustrer ce propos mon regard vers notre amie la Hongrie. Quant aux nouveaux, sans doute un peu de tout, mais surtout beaucoup d'adeptes du maquillage, non pas tant des militants ou des idéologues mais peut être plus des carriéristes, des ambitieux, des "lucides", des qui sont moins marqués par les catégories anciennes frontistes, allez savoir... Allez créer des catégories parmi les fachos, travail inépuisable : les bibliothèques sont remplies, il y a aussi un livre récent qui a un peu fait parler de lui.
Le travail politique de Marine a consisté, tout en perpétuant les vieux schémas, à faire tenir un ensemble rhétorique acceptable sur la façade d'un vieux et d'un nouveau fond militant qui n'a en fait rien changé, ou presque, de son fond idéologique. Ce n'est plus trop à démontrer. On pourrait se pencher sur le fond du programme régressif du FN, mais peut être une autre fois et puis d'autres s'en chargent très bien.

Il se pourrait que l'échafaudage ne soit pas si solide que cela. Il se pourrait que ça grince dans l'appareil. Ca grinçait déjà depuis un moment, la prise de pouvoir par la fille n'a pas été sans tangages, ni sans ruptures, ainsi le départ en janvier 2011 de Roger Holeindre, historique co-fondateur du FN dans les années 70 pour un groupe dirigé par le sémillant et néanmoins aryen Carl Lang, le Parti de la France, fondé en 2009, où l'on retrouve quelques frontistes en vue des années 90.

( Pour des détails sur les querelles internes à ce joli petit monde et les enjeux autour de la candidature de Marine Le Pen, je recommande la lecture de cet article tiré du passionnant blog Droite(s) Extrême(s) des journalistes du Monde, où l'on apprend plein de choses sur les ramifications de la nébuleuse extrême droite dont le sens du groupuscule n'a d'équivalent que le protestantisme au XVIIe siècle sans doute. Et puis faut dire que c'est mieux renseigné qu'ici. )

Dans un contexte plus immédiat, les récentes montées au créneau du patriarche Jean-Marie, le vénérable et respecté, sont peut être indicatives. D'abord parce qu'il s'agit de remettre un peu d'ordre dans la maison, mais aussi pour donner des gages au courant de Anciens par l'expression de la traditionnelle faconde, de quelques provocations bien senties, d'une charge matamoresque contre le sempiternel péril rouge. Et puis l'évocation répétée à deux reprises du journaliste collaborateur et fasciste Robert Brasillach.

Arrêtons nous là le temps d'une petite parenthèse qui nous permettra de saisir la nature de la position du Front National.
Brasillach, journaliste d'extrême droite notoire des années 30 et 40 (l'âge d'or du genre), plus collabo tu meurs. D'ailleurs lui aussi en est mort. Antisémite radical et violent, appelant au meurtre, prosateur assidu d'une veine pro-nazie dans la presse française d'époque, il était la vitrine intellectuelle de l'extrême droite fascisante du régime de Vichy. Ce qui, dit comme ça vous en conviendrez, commence à nous éloigner sensiblement de l'humanisme démocratique et républicain. Fusillé en 45, il n'a jamais rien regretté. Pas plus qu'il ne fût beaucoup regretté non plus notez bien, sauf peut être de quelques vieux bouquinistes nostalgiques en bord de Seine, et encore, je ne sais pas pourquoi je dis comme ça du mal de cette honorable profession.
Son évocation par Le Pen tient d'abord de la provocation destinée à faire réagir l'intelligentsia dans un réflexe pavlovien antifasciste, faire exciter la gauche sur la menace brune, c'est aussi l'empêcher de parler d'autre chose, d'ailleurs qui connait Brasillach de nos jours à part quelques intellectuels et historiens ringards ? Allumer des contre-feux c'est une manière classique de fonctionner, d'autant qu'il semblerait que les finances du Front battent un peu de l'aile, autant parler d'autre chose. Mais il s'agit aussi, on l'a dit, de donner des gages aux Anciens qui voient les dérives conformistes comme déplaisantes. C'est enfin le trait d'un Jean-Marie qui s'est toujours affiché comme iconoclaste, incontrôlable et très égotiste : cette sortie n'était à mon avis, pas vraiment prévue ni souhaitée par le staff des conseillers de campagne de sa fille. Hier matin, celle-ci déclarait assumer un certain nombre de divergences avec son père. Lesquelles ? La dépêche consultée ne le dit pas très clairement. Mais voilà qui est révélateur. La bulldozer FN ne serait en fait qu'un tracteur poussif ?


On l'aura compris, le clivage du Front passe sans doute, d'une certaine manière, entre le père et la fille. Il n'y a pas que de l'héritage entre les deux. Finalement, pour prendre un peu de recul, l'enjeu politique du FN était de maintenir la fiction d'un chef bicéphale, dont l'usage est pour l'une externe, pour l'autre interne. Mais le Janus frontiste (putain la référence) est peut être plus d'argile que de fer et comme partout, les équilibres sont choses instables, susceptibles de basculer et de se recomposer à tout moment. Il est donc certain que le résultat des élections auront une vraie importance d'un point de vue interne. Mais il est vrai que ce sera le cas pour tout le monde.

La vraie question politique est de savoir dans quelle mesure les tensions suscitées par la campagne, période pendant laquelle tout est observé par la presse et où l'exigence de respectabilité prend une importance démesurée, pèseront sur l'avenir politique du parti, tiraillé entre son histoire et sa dynamique actuelle, d'autant que la crise interne lors de l'accession au pouvoir de la blonde walkyrie a crée des faiblesses. Marine Le Pen parviendra-t-elle à se poser en seule candidate des classes populaires ? Le succès relatif du Front de Gauche et le non-débat de l'autre soir contre Mélenchon peuvent illustrer et signifier bien des choses contradictoires, cependant il se pourrait quand même que le Front National ait beaucoup à craindre d'une extrême gauche forte et entendue dans les milieux populaires. Le FN a perdu le monopole de la xénophobie et de la discrimination, s'il se met à perdre son prétendu monopole de la contestation du système et de la défense du peuple, rien ne va plus. Tout ça ne dépend, qui plus est, pas que de lui et sans vouloir jouer aux prophètes politiques, il se pourrait bien qu'il se fasse avaler par son voisin UMP en pleine mutation lui aussi.

Et si donc, le FN vivait son chant du cygne, là, au milieu du gué, prêt à se noyer, en bout de course ? Crise financière, crise structurelle et crise identitaire liée à la perte et à l'instabilité d'un fond idéologique qui ne lui appartient plus exclusivement et sur lequel bâtir une identité est paradoxalement devenu dangereux, si ce n'est inutile puisque d'autres, qui n'ont pas de problème de respectabilité à résoudre, se chargent d'appliquer ce qu'il a toujours prôné.

Je me plante peut être, mais je me suis bien amusé à me triturer le bulbe.

J'habite Facebook


Un ami Tunisien me disait que dans son pays « la nouvelle génération » n'habitait pas la Tunisie mais habitait internet. Cette idée me plaît et me semble assez vraie. Et elle d'autant plus vraie dans des pays sous régime dictatorial. Je sais pas comment c'est actuellement mais dans mon souvenir c'était pas le sommet du festif sous Ben Ali, et ce, même dans des endroits touristiques et à des périodes estivales... Le net devient un endroit plus qu'un outil ; un endroit où l'on peut être en contact avec l'extérieur, où l'on peut se rencontrer à l'abri des regards indiscrets et parler de tout y compris de Révolution. Le net a peut-être créé en peu de temps une culture autonome. C'est du moins ce que j'ai entendu dans ses propos. Le pouvoir est peut-être mort d'avoir sous-estimé la force de frappe du net et de tous les outils qu'il offre.

Il me disait aussi que ces jeunes il ne les comprenait pas parce qu'ils avaient la fâcheuse tendance à brouiller les pistes. Il en voyait venir prier à la mosquée en pantalon baggy tombant et dévoilant une impudique raie à chaque fois qu'ils se prosternaient. En sortant, il les voyait aller flirter ostensiblement ou encore aller manifester en démolissant tout. Pour finir ils retournaient tranquillement à la faculté pour poursuivre leurs études. Bien sûr, le paradoxe et la contradiction n'apparaît que si l'on se place du point de vue de la plus pure orthodoxie religieuse, sinon on se dit que ce sont des jeunes gens tout à fait normaux et modernes. La modernité est à percevoir comme la capacité à capter et assumer toutes les identités, toutes les influences et le tout dans une grande décontraction. Et il me disait tout cela avec un mélange d'admiration et de crainte devant l’émergence de ce nouveau type de jeune maghrébin.

J'aurais pu lui objecter que le net n'avait rien à voir là dedans et que la diaspora tunisienne avait avait pu rapporter un nouveau mode de vie et précipiter les changements qu'il décrivait ; que le tourisme aussi avait précipité le contact entre les jeunes tunisiens et le reste du monde... mais à quoi bon, je n'y crois qu'à moitié. Je vois bien cette jeunesse connectée en permanence... Par contre il ne faut pas trop fantasmer : le net n'est qu'un tuyau. Pendant que certains sont connectés sur Youporn, d'autres doivent être sur « Djihad et moules frites » et ceci n'empêche pas les premiers de passer, d'un clic, du premier site vers le deuxième : tout assumer concomitamment et avec naturel.

Le souci pour lui c'est que ces jeunes, on ne peut plus les arrêter. Il est content qu'ils aient fait la Révolution mais maintenant ce serait bien qu'ils rentrent sagement chez eux. Les adultes vont s'occuper du reste. Sauf que voilà, comme ils ne semblent pas prêts à obéir et semblent insatiables. Et comment discuter avec eux puisqu'on ne les comprend plus. Ils ne sont plus de chez nous et rejettent en bloc tous nos cadres, voire toutes nos traditions. Du hors sol made in Tunisia. En somme un pays un pays qui redécouvre la jeunesse qu'il avait mise sous serre et qui doit dorénavant composer avec elle.

lundi 27 février 2012

Dura lex, sed lex


Samedi soir, 2 heures du matin, je suis en retard pour le concert d’un ami au Razzmatazz. Je cours vers le métro, ouvert toute la nuit, toujours achi-bondé, les jeunes qui partent en boîte, les vieux qui rentrent du resto, et qui bientôt devront trouver un autre moyen de locomotion, le bruit courant que la nouvelle mairie de droite, outre le vélo, a dans le collimateur ce luxequonnepeutplussepermettre, à savoir, le transport nocturne. S’ils n’ont pas de métro, qu’ils prennent le Taxi !

Comme toujours quand je suis en retard, je me rends compte face aux tourniquets que mon titre de transport est épuisé. Hop hop, on court vers le distributeur et là, surprise, juste au-dessus, deux titres de transports, déjà utilisés, mais avec une marque sans équivoque : au stylo on a remplacé T-10 par T-11, signe que le dernier trajet à été court, et qu’il reste une petite heure pour l’utiliser encore. La dernière mode diffusée par les réseaux sociaux. Une façon de protester contre la montée abusive du prix des billets.

C’est d’ailleurs LE sujet du moment. Lundi commence une grève de trois jours dans les transports publics à Barcelone. Une vieille histoire, qui les avait déjà  violemment opposé à l’ancienne Mairie socialiste. Mais, à l’époque, ils avaient perdu la bataille de l’opinion, usagers pris en otages, inacceptable, etc. Là, c’est un autre son de cloche. Ils ont intelligemment associé, dans une campagne  agressive de pub, la baisse des salaires des travailleurs, la montée du prix du transport, et le maintient de 600 cadres (!!), entourés de mystère, qui refusent de déclarer leur revenus et leur fonction exacte (vu qu’ils n’en on a pas, ils ont été placés au doigt par les pouvoirs publics). Et ce genre de corruption, c’est un sujet sensible en ce moment. Du coup, enhardis, ils se déclarent en grève dure et, le tout, pendant le Mobile World Congress, la plus grosse foire de téléphonie mobile au monde.

Mais revenons à la T-11. La sympathie qu’a suscitée l’initiative relève moins d’un soudain élan de solidarité entre usagers, que du simple besoin de faire chier. Et même, sûrement, de l’envie de rompre la loi, fût-ce par ce genre de micro-égratignure. En temps de crise et de grogne sociale, c’est une évidence, les rapports entre légalité et légitimité sont redéfinis. Probablement, la plus grosse réussite de toute l’agitation un peu surréaliste du printemps des indignés c’est d’avoir posé vivement cette question sur la table. Et d’emblée. Dès les premiers jours, quand ils ont défié la junte électorale, et maintenu la manifestation pendant la journée de réflexion. Action à l’illégalité manifeste, mais qui a été perçue comme légitime par une large partie de la population. La boîte de Pandore était ouverte, un verrou est tombé dans beaucoup de têtes.  

C’est la que les discours légalistes des hommes politiques sonnent de plus en plus creux et démontrent que leur déconnexion totale, un peu comme quand Papadémos, homme choisi antidémocratiquement par la Troïka et les marchés, s’aventure à condamner des « violences qui n’ont pas leur place en démocratie ».

Le plus drôle, c’est qu’une sentence de la justice reste une caution morale puissante, une arme dans cette bataille pour l’opinion sur laquelle même les indignés ne crachent pas. Après un travail assezimpressionnant de récolte de vidéos et de témoignages, leur commission justice a réussi à faire accepter, par un tribunal de grande instance, leur plainte contre la charge de police à Place Catalogne le 27 mai dernier. Et la charge à Valence, la semaine dernière, risque vraisemblablement de déboucher sur une situation similaire.

À l’heure où la Justice n’a jamais été aussi décrédibilisée en Espagne, on assiste à la judiciarisation extrême des conflits. Légalisation de la gauche abertzale basque, Statuts d’autonomie, Mariage Gay, le Juge Garzón, le Prince Urdangarín, les affaires de corruption, le pays s’est habituée à vivre au rythme des décisions de Justice, signe de l’échec, ou du refus de l’action politique à prendre leur part de responsabilité dans la résolution des problèmes. Malheureusement, à l’inverse de l’autre grand pays européen des procès starisés, à savoir, l’Italie, point de « juges rouges » ici. Si au moins, tel Falcone, ils avaient fait sauté un pont entier pour avoir la peau de Garzón, ça aurait eu une autre gueule…

samedi 25 février 2012

Ma Joly

Le Bougnat- Tu es de gauche non? La personnalisation tu n'aimes pas ça?

Roots and Herbs- A priori non. Tu veux en venir où?


 Le Bougnat- Qui est le seul candidat à ne pas dire "je"? Ne me dis pas Mélenchon...

 Roots and Herbs- Si, si, justement Mélenchon! Tu peux pas dire le contraire.

  Le Bougnat- Bon, bon... Laissons les gens apprécier et compter les "moi, je" de chacun.


 Roots and Herbs- (éclatant d'un rire bruyant et forcé) Oui et après lançons un referendum populaire.


 Le Bougnat- Tu es de gauche, n'est-ce pas et tu es a priori contre la communication politique et les positionnements foireux?




 Roots and Herbs- (visiblement agacé par la pseudo-maïeutique du Bougnat) Oui, bon, viens-en au fait. C'est chiant là.


  Le Bougnat- J'y viens, j'y viens. Celle qui se moque le plus de la communication et des communicants, c'est bien Joly. Et elle s'en prend suffisamment plein la gueule à cause de ça pour que oses le nier.


 Roots and Herbs- Mais Mélenchon aussi, si tu vas par là.

  Le Bougnat- Mon dieu l'aveuglement! Tout est calibré, chez la Méluche, ses piques contres les médias, son acharnement contre Le Pen, ses envolées lyriques, ses colères feintes...


 Roots and Herbs- C'est un faux procès que tu lui fais là. Tu ne peux rien affirmer. Et lui reprocher de s'attaquer à Le Pen c'est ridicule. Il fait le boulot que la gauche aurait dû faire depuis longtemps. S'intéresser au peuple...

  Le Bougnat- Attends, attends avant de t'enflammer à ton tour.

 Roots and Herbs- Oui mais t'es chiant aussi là, tu te fais tes films et tu travailles à partir de rien. A peine des suppositions.

  Le Bougnat- Pas des suppositions, attends, c'est juste des remarques de bon sens. Tu vois le côté un peu faux du gars... Ne fais pas la moue... Un peu feint. Le "Marchais revival" pour bien brosser ce qui reste des vieux cocos dans le sens du poil parce que ça les faisaient chier de voir un socialo à leur tête. Mitterrand leur avait déjà fait le coup et quand ils ont compris leur erreur il était trop tard et on les appelait à voter "Robin Hue." Moi je dis juste qu'on ne pourra jamais reprocher ça à Joly. Elle a résisté à cette pente. Elle résiste un peu moins maintenant mais elle a résisté...


 Roots and Herbs- Et pour quel résultat!

Le Bougnat-  Oui... c'est ce que je te disais. Elle semble s'être trompé de scrutin et c'est justement la preuve qu'elle est pas corrompue par le système présidentialiste.

 Roots and Herbs- C'est n'importe quoi, là. C'est pas ce qui va me faire voter pour elle.

 Le Bougnat- Noooon, je ne prétends pas te convaincre de voter pour elle. Je prétends juste te faire admettre que c'est la seule à ne pas être dans la séduction.

 Roots and Herbs- Hahahahah! ça je veux bien l'admettre tout de suite, si ça peut mettre un terme à ta tentative ridicule.

 Le Bougnat- Je te trouve de plus en plus condescendant mais passons. La séduction c'est la plaie de la politique. Le politicien ne doit pas séduire et persuader, il doit convaincre c'est tout à fait différent. Il doit convaincre c'est-à-dire avancer des arguments qui parlent à notre raison. C'est la seule à dire, je pense que je vais gagner "parce que nos arguments sont de qualité". Et je cite de tête. Les arguments dans cette campagne c'est ce qui manque et elle est la seule à ne centrer que sur ça malgré les questions imbéciles et empressées des journalistes pour la faire revenir sur des polémiques factices et des attaques puériles. Elle a le tort de vouloir parler du programme et seulement du programme, des propositions et seulement des propositions... du coup elle est pas calibrée pour les émissions d'infotainment... Ceux qui sont forts pour le spectacle... Les Tapie, Le Pen, Frêche et compagnie... Les grandes gueules, ceux qui pensent qu'il faut des gants de boxe pour faire de la politique etc.

 Roots and Herbs- Je te vois venir, mais rien à voir.


 Le Bougnat- Mais je ne l'attaque pas. Laisse-moi continuer. Le spectacle avilit la politique et c'est bien que certains ne jouent pas le jeu. Joly est victime de feux croisés du P.S et des écologistes couchés qui ne veulent pas de la réussite de l'écologie politique qu'elle porte. Ils préfèrent la protection de l'environnement soluble dans n'importe quel courant politique. Pour faire vivre l'écologie politique qui ne se soucie pas seulement des bébés phoques amis de lutter contre les intérêts financiers, contre les lobbys pharmaceutiques, chimiques,   contre la marchandisation de tout (y compris de l'air, avec les quotas de pollution... C'était la seule chose qui n'avait pas été marchandisée, voilà qui est fait). En somme une authentique politique de gauche et beaucoup plus radicale que celle de Mélenchon parce qu'elle met en avant un changement des modes de production, du rapport au travail, du rapport au loisir etc. Le problème de Mélenchon c'est que ça reste un productiviste...

 Roots and Herbs- Mais non, tu confonds tout. Le Parti de gauche est un parti écologiste aussi au départ...


 Le Bougnat- Toujours est-il qu'il ne parle ni d'écologie, ni de changement radical du système de production, ni de changement de rapport au travail, ni...

  Roots and Herbs- Tu délires là.

  Le Bougnat- Ok, laissons Mélenchon de côté si ça te chagrine. Essayons d'écourter, le billet est déjà trop long et personne ne lira jusqu'au bout... Qui parle de santé? Qui parle de lutte contre les paradis fiscaux? Qui parle de réduction du temps de travail et de mieux vivre? Qui parle d'augmentation du confort de vie et du pouvoir d’achat par la sobriété énergétique? Lis son programme écoute la parler et ne tombe pas dans le piège médiatique. Oui, les lunettes, l'accent etc.


Roots and Herbs- Oui mais moi je le fais pour rire et tu le sais...

  Le Bougnat- Je le sais et je sais aussi que les attaques xénophobes à son encontre sont dégueulasses et que c'est pas pour rire. Ne serait-ce que pour lutter contre cette ambiance pourrie de rejet de l'Autre, tu devrais voter pour elle. Pour faire fermer leurs gueules aux racistes, aux beaufs et aux instituts de sondages aux garde-à-vous.

 Roots and Herbs- Je ne voterai jamais pour les Verts, c'est un parti de cons et de vendus.

 Le Bougnat- Ne vote pas pour les Verts; vote pour Eva Joly et tu feras encore plus de mal que tu ne penses aux cadres de ce parti. Ils la détestent et voudraient pour la plupart la voir se viander. Si tu veux les faire chier, vote pour elle. En gros si elle se croûte c'est les centristes et les environnementalistes et autres réformistes mous qui vont avoir les coudées franches. C'est peut-être la dernière chance qu'a l'aile gauche du parti... Sans vouloir dramatiser.

 Roots and Herbs- Si le parti éclate, je ne m'en plaindrai pas.

 Le Bougnat- Oui c’est ce que tu disais pour le PS. Non seulement il a pas éclaté mais en plus il est plus au centre que jamais, donc voilà quoi. Et puis merde il faut rendre justice à cette bonne femme. Oui fous-toi de moi si tu veux. Je veux pas le jouer à l'américaine mais regarde son parcours. On peut le montrer en exemple. Ce qui n'est pas le cas des autres hommes politiques... Et puis son combat du pot de terre contre le pot de fer... Les affaires, son intransigeance, sa droiture... A ce niveau là c'est inédit. Tu sais les juges qui traitent ces affaires-là sont toujours à un moment ou à un autre salis etc. Sur elle même avec toutes les manipulations du monde on a rien trouvé. Je sais pas... Je m'arrête là...

 Roots and Herbs- J'ai jamais rien eu contre elle, tu sais... Tu ne me feras pas dire que je suis d'accord avec toi, même si je ne suis qu'un personnage fictif que tu manipules pour arriver à tes fins. Le vrai Roots and Herbs me rendra justice et dénoncera la supercherie. Mélenchon, je te kiffe et je ne te trahirai jamais.




















Sortez de la caverne

Et voilà, on prend quelques jours de repos bien mérités (car même les plus grands, y compris quand ils sont noirs comme moi, se reposent parfois) et voilà que ce blog se trouve engoncé dans un mélange de philosophie absconse et d'idioties congénitales.

Voilà donc nos acolytes qui, ne sachant où donner du bulletin, hésitent, tergiversent, se grattouillent et s'adonnent à des activités que la morale réprouve au lieu de se fier à ce que leur conscience de classe devrait leur indiquer. Mais justement là est le problème. Réfugiés qu'ils sont dans la solitude d'une caverne égocentrique, ils ne peuvent, à l'instar du penseur éclairé, diplômé et méritant que je suis, entrevoir ces mouvements de l'Histoire que portent les masses et qui font le bois, les marées et la houle dont on fait les grandes transformations de ce monde.

Aussi vais-je, encore une fois, tenter d'éclairer leur regard embué des miasmes de leur incontinence verbale et de leur émoi mélancolico-dépressif et tenter de les convaincre de regarder une bonne fois pour toute dans le droit chemin.

Les voilà qui ambitionnent de donner leur suffrage à la norvégienne à lunettes rouges.

Quelle erreur!

Quelle erreur déjà que ce parti des Verts, déjà grimé, dilué, dissous dans un sur-ensemble Europe Ecologie attrape-centriste, qui faillit se donner à un aventurier télévisuel inconséquent, niais et ambitieux, perdu corps et biens malgré l'or idéologique en barre qu'ils avaient entre les mains, dans les négociations à petits bras, mangé par l'ogre socialiste avec lequel il a eu la naïveté (?) de se livrer à des tractations préalables qui invalident d'ores et déjà toute pertinence de leur suffrage, prisonniers enfin et surtout d'un européisme béat et fonctionnel qui lui interdit toute la radicalité que nos temps troublés réclament. Quelle erreur historique que fit ce parti, à l'origine fort gauchisant, trop vite embourgeoisé en quelques années de co-gouvernance plurielle et de municipalisation gestionnaire, qui fit accéder ses ténors aux charges que les socialistes, devenus maitres ès-gouvernements et trahison du peuple, leur avaient laissé pour joujoux.

Le PC était déjà passé par là. Au bout du compte laminé, asservi, instrumentalisé, ridiculisé, dévoyé... Qui plus est, passé à la double moulinette du devoir d'amendement aux cautions coupables qu'il apporta à l'URSS, cette grande arnaque utile du XXe siècle, et du gestionnarisme politicien à la française qui le fit sous le gaullisme et ses avatars suivants tenir le rôle de cadenas du mouvement ouvrier. Là est un autre débat qui nous ferait dériver vers les lisières de l'ultra-gauche et d'un scepticisme critique bien écrasant qui, avouons-le nous tente tous plus ou moins. Restons, pour notre propos, dans un cadre électoralement compatible, aux dimensions intellectuelles étroites certes mais qu'il faut bien voir.


Le PC au tapis, le voilà qui, grâce à cette campagne présidentielle, semble contre toute attente, retrouver quelques couleurs, quelque envie d'avoir envie. Quelque semblant (ne soyons pas naïf, l'apparatchik calculateur a la vie plus dure qu'un cafard après Hiroshima) d'autonomie politique. Je ne vais pas parler de John-Luke, même si l'homme a eu l'intelligence tactique, mais peut être aussi tout simplement parce qu'il était ainsi, de se glisser avec habileté dans le costume de Marchais, incarnant la figure du dirigeant plébéien à la française, pour le pire et le meilleur.

Non, le PC, principale composante numérique du Front de Gauche, a d'abord repris ses souffles dans les petits et grands combats de la décennie, profitant du référendum sur le TCE en 2005 par exemple, mais aussi de la frustration née des différents mouvements sociaux. Surtout le PC a rencontré ces déçus du socialisme et des Verts, ces gens pas si nombreux mais nourris aux nouvelles idées, à la contre-expertise des temps modernes, à une pensée plus critique et moins unique qui émergea, grosso merdo, au tournant des années 2000. Sociaux-démocrates repentis, libertaires pragmatiques, gauchistes édulcorés, intellectuels en rupture de chaires, radicaux-chics en mal d'action, désavoués du trotskysme fédérateur, arnaqués de la société civile, désespérés de Billancourt, Villevoorde et Arcelor-Metal, égarés de l'ultra-gauche, angoissés du bulletin rouge...

Le résultat n'est pas là parce qu'il n'en est encore qu'au stade de la constitution mais force est de constater que quelque chose est en train de s'enclencher et de se soulever, même si cette dernière formule tient pas mal de la stratégie d'auto-persuasion. Le PC a graduellement rechargé, revu et réévalué une partie de son appareil idéologique et de sa rhétorique politique. Il a aussi revivifié un vieux discours opérant mais, et c'est là sa limite, fortement coercitif aussi. Un langage direct, plébéien et populaire a peut être trouvé les conditions pour se faire entendre plus fort et par plus de gens...le contexte de crise, la radicalisation des temps fait aussi (surtout) le reste. Mais tout mouvement de gauche a toujours été affaire d'intelligence, de réflexion, d'enthousiasme, de mobilisation collective....il semblerait que les ingrédients soient en parties là...à voir.

Une élection présidentielle n'est pas la panacée pour un libertaire émancipé ( et empreint d'une négritude interne qui le pousse à clamer haut et fort sa différence), elle n'est pas un but, elle serait même plutôt une immense gabégie. Les noms, les personnes m'intéressent peu. Ce qui m'intéresse, ce sont les structures et les mouvements de fond. Je constate que le Front de Gauche est, à gauche, est le plus structuré et cohérent des mouvements de fond. Ce qui n'en fait pas pour autant un idéal...c'est un faute de mieux.


Le Front de Gauche, d'un point de vue strictement électoral - et je suis le premier à reconnaitre que ce point de vue est loin de constituer un horizon politique satisfaisant, suffisant voire même osons le mot du fils et petit-fils d'esclave que je suis, émancipateur - réalise ce qui fait le grain des grands mouvements de la gauche: la tentative d'alliance des classes populaires avec une partie des classes moyennes, celles là même qui sont menacées par la crise. Fragile est cette alliance, brumeuses sont les illusions qu'elle peut susciter. A peine en effleure-t-on la possibilité même. Et de nombreuses questions demeurent pour la suite. Que se passera-t-il l'été passé ?

Mais il n'est peut être pas l'heure de se demander ce qu'il adviendra de tout cela, pas l'heure de se dire que tout cela n'est que calcul, manipulation, stratégie... Oui, cela l'est, en partie. On le sait. Mais il y a autre chose. On peut au moins essayer d'y croire.

C'est pourquoi mes deux sceptiques acolytes doivent sortir de leur caverne : ils sont ces classes moyennes intellectuelles, cette petite bourgeoisie culturelle et humaniste, qui ont pour rôle historique de s'allier avec les classes populaires pour prendre le pouvoir. Cette classe même qui a trahit depuis 1981, et peut être même depuis toujours. Il ne s'agit pas d'être des profiteurs, ni même des guides, il s'agit d'abord de voir des intérêts communs et d'agir en fonction. Certes un bulletin ne fait pas tout, mais il fait quand même un peu...et vu où nous en sommes...

vendredi 24 février 2012

pas jolie-jolie mais jamais malade...


Parce que Roots and Herbs a beau se toucher jour et nuit sur John-Luke, dans un aveuglement virginal,  tel Blanche-Neige ouvrant les yeux sur Charmant, à mon sens, Eva propose une alternative tout à fait crédible à qui chercherait une voie plus radicale ou engagée au duel prédit par tous.

Mais pourquoi me direz-vous?

Déjà, parce qu'elle s'appelle Eva, et que ça fait beaucoup plus rêver que Jean-Luc, François, Dominique ou Marine... 
Ensuite parce qu'elle s'appelle Joly et que c'est la classe. 

Voilà, c'est sans doute un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.

Toute sa vie, ma grand mère a systématiquement voté pour le candidat le plus beau (ce qui lui permettait de voter Besancenot au 1er tour, puis Chirac au second). 
Et bien, c'est décidé, je reprends le flambeau familial, en y apportant ma touche, et voterai donc pour celle qui a le nom le plus sympa (elle aurait pu se faire griller par Poutou, mais Philippe c'est un peu pourri comme prénom, non?). 
Vous trouvez ça idiot? 
Bah ouais, c'est la démocratie les mecs, et mon bulletin j'en fais ce que je veux. 

Sinon, pour les arguments politiques, je m'en remet au Bougnat qui saura assurément mieux que moi expliquer pourquoi cet accent nazi et ce regard qui fout les j'tons pourraient sauver le monde.

jeudi 23 février 2012

Des mots. Rien que des mots?


Dans La condition de l'homme moderne, la philosophe Hanna Arendt dit : “L'action muette ne serait plus action parce qu'il n'y aurait plus d'acteur, et l'acteur, le faiseur d'actes, n'est possible que s'il est en même temps diseur de paroles.” C'est bien de commencer par une citation, ça donne l'air intelligent et ça ramène tout un chacun vers la solitude inquiète des jours de dissertation philosophique, où l'on prie fébrilement le dieu de l'Auctoritas pour qu'il nous guide vers la lumière. Après, chacun en fait ce que bon lui semble, je vais pas en plus vous la commenter.

Le discours politique, si on le définit un peu rapidement, est un discours qui a pour lieu le champ social et qui a pour visée d'agir sur l'autre et de changer son état en le faisant agir, réfléchir, croire et tout ce qu'on voudra. En gros sa fonction perlocutoire est mise en avant. Blurp. Excusez-moi c'est un reflux de linguistique mal digérée.


Même si on en a pas encore parlé, revenons à Sarkozy. Quelle action a son discours ? Stigmatisation d'une minorité puis d'une autre et encore une autre... Et on revient à la première. Là on est pas dans le perlocutoire si vous suivez, ce que je décris serait plus dans le locutoire. Le perlocutoire c'est ce que ce discours va produire chez lui et chez les autres, c'est-à-dire un peu chez vous aussi. Influence escomptée : s'attirer des voix. Influences collatérales : à vous de voir ; ça peut aller de « Ah ouais c'est vrai que les Arabes puent du cul » à « Killing an Arab » en passant par « Rends-moi mon CD sale Rom ! ». On peut raisonnablement penser que ça poussera certains à agir. Par exemple Raymond pensera qu'il faut sauver la France et prendra son marteau dans le but saugrenu d’exploser les couilles de son voisin Mahmoud, d'origine algérienne, et heureux papa de six beaux enfants, tellement mignons mais un peu turbulents surtout quand Raymond essaie de faire la sieste, le dimanche. Par cet acte autonome et réfléchi il pense mettre fin aux maux de la France en coupant définitivement le robinet à chiards de Mahmoud.

Et les commentateurs adorateurs de Sarkozy de décrypter et de rassurer. « Telles ne sont pas ses intentions. » « Mais non son inconscient n'est pas raciste. » « C'est juste un positionnement, son idéologie n'est pas d'extrême droite . » Oui, mon con, mais en attendant ses discours produisent des réalités, induisent des comportements, normalisent des idées. Pendant que vous sondez son inconscient, certaines personnes, bien réelles, sont en train de se faire sonder le... Le discours, disais-je, avant d'être malencontreusement interrompu, de manière cavalière, par moi-même, n'est pas aussi univoque que les communicants veulent bien le dire. C'est... hum... plus complexe. On est dans un champ d'interactions multiples et par un acte de langage donné on n'obtient pas toujours le résultat escompté. Ce serait trop facile, n'est-ce pas?


Après, on peut aussi se dire que dans tous les cas Sarkozy obtient, systématiquement, l'effet escompté: nous faire peur. Peu importent du coup les autres actions de son discours, tant que la case "peur" est active. Pourquoi la peur? Parce que c'est un ressort très puissant. Si je te fais peur, j'ai le pouvoir de te faire obéir; j'ai une influence sur toi. Du coup l'idée c'est d'utiliser la case "peur" activée par la menace arabe pour activer ensuite d'autres cases...  J'ose à peine imaginer lesquelles. Ce qui est sûr c'est qu'il arrive souvent à ses fins. Regardez Carlita, regardez le maintenant. La puissance du langage est incommensurable... A moins que ce ne soit celle du pouvoir, de l'argent et des relations... J'ai un doute là.




mercredi 22 février 2012

Europe: your rope

Même les Europtimistes les plus fanatiques n'arrivent plus à trouver l'allant nécessaire pour chanter, sur le mode ionien, les bienfaits de l'Europe. Si jusqu'à présent l'Europe représentait un espoir et un pôle d'attraction pour de nombreux pays, aujourd'hui c'est tout le contraire. L'élargissement, seul horizon de la construction européenne, qui ne semblait plus avoir de fin vient de trouver sa limite naturelle... le manque de candidats. Même les pays qui ont le plus bénéficié de l'Europe et de l'aide au développement la rejettent, ce qui est le signe (s'il en fallait un supplémentaire) que la défiance est profonde. Ce mouvement s'est opéré bien avant la crise, qui n'est qu'un accélérateur des phénomènes. En France et dans d'autres pays le referendum sur le Traité Constitutionnel a montré au plus grand nombre que l'Europe se faisait sans le peuple et malgré le peuple: première prise de conscience cuisante du déni de démocratie et de la confiscation de souveraineté. Mais qu'a-t-on fait pour en arriver là?

Au départ les buts étaient nobles et personne ne pouvait aller contre: fraternité, paix, démocratie, prospérité, protection, justice sociale... Horizons consensuels et qui sont sans cesse mis en avant, y compris dans le préambule du fameux TCE. Les eurosceptiques (oui, on a réduit le débat à optimistes vs sceptiques c'est-à-dire à une histoire de foi ou de croyance dans le Veau d'Or européen) étaient acculés et devaient se défendre d'être contre la paix, la liberté et les bébés phoques et ce faisant ne pouvaient parler des véritables dérives de ce Léviathan. Aujourd'hui (doit-on s'en réjouir), on peut répondre même à ce type d'arguments faciles parce que l'Europe est clairement à l'opposé des objectifs qu'elle affiche.


  1. Fraternité: Allez dire aux Grecs s'ils sont frères des Allemands. C'est une manière un peu abrupte de présenter la chose mais c'est la triste réalité. On voit resurgir les démons de la Seconde Guerre Mondiale. On voit grandir un peu partout la germanophobie. On voit dénoncer l'hégémonie allemande et l'avènement des rêves du IIIe Reich. Au-delà de la question allemande, le sursaut nationaliste est la donnée la plus évidente sur le continent européen. Quoi? L'Europe n'est pas la cause? Je ne suis pas spécialiste mais on peut au moins dire une chose c'est que l'objectif fraternité n'est pas atteint et que les Européens ne se sentent pas Européens.
  2. Paix: Elle découle du point précédent. Si la fraternité n'est pas effective, la paix ne saurait l'être très longtemps. La montée en puissance des nationalismes, le ressentiment et le sentiment d'humiliation ont toujours produit les mêmes effets. Et la paix ne doit pas s'entendre seulement au niveau international: voyez ces pays en guerre civile ou sur le point d'y entrer. Oui, je sais c'est la faute à la crise et pas à l'Europe... Mais le but paix, est loin d'être acquis et l'Europe montre au mieux son impuissance.
  3. Démocratie:  On n'a pas besoin de s'y attarder, si? Refus de souveraineté, imposition de gouvernements non élus, imposition de politiques en désaccord avec la volonté populaire... La violence, le mépris et le cynisme en prime. Là c'est directement l'Europe, sans contestation possible. Vae Victis et surtout malheur au plus faible.
  4. Prospérité: Pendant quelques décennies certains pays y ont cru et la déconvenue est à la mesure des espoirs. Le modèle économique suggéré et imposé par l'Europe est directement responsable du fait que la crise frappe avec autant de virulence tous les pays européens en même temps. Les pays sont ruinés et on leur propose de s'endetter davantage et on leur impose d'honorer une dette dont ils ne sont qu'en partie responsables. Sans parler de la zone Euro proprement dite qui a vu la lyche allemande tirer les marrons que d'autres avaient placé dans l'âtre. Notre voisin ne participe pas à notre prospérité; il est notre concurrent. Mais on ne peut pas se défendre, cela nuirait à la prospérité globale. Pauvreté locale, prospérité globale. On dirait du Leibnitz dans le texte, la Providence pourvoit au reste.
  5. Protection: Ouverture des frontières à tous vents. Libéralisation de tous les secteurs sans discrimination. Marchandisation totale. Protection pour qui?
  6. Justice sociale: Vous vous souvenez? Convergence, harmonisation. On y est enfin. Oui mais ce qu'on a omis de dire c'est que c'est vers le moins disant social. Hier le modèle irlandais, aujourd'hui allemand. Dumping économique, dumping social.Le résultat, vous le connaissez.

Constat sévère. Mais ce n'est pas la faute de l'Europe c'est parce qu'il n'y a pas assez d’Europe. Ce refrain vous dit quelque chose? Oui, le communisme en ex URSS, le libéralisme aujourd'hui. Si ça ne marche pas ce n'est pas parce que ça ne marche pas c'est parce qu'on est pas allé assez loin. Qu'à cela ne tienne. Les amants de la complexité n'aiment pas la demi-mesure.


 MES les socialistes s'abstiennent. C'est l'acte suicidaire le plus spectaculaire de cette campagne présidentielle. Comment faire croire ensuite qu'il y a une différence entre PS et UMP. Comme le dirait Marine Le Pen: "Le peuple appréciera."  Hollande? Une corde?

samedi 18 février 2012

Les années 30 (2)

On causait ici même du rôle rhétorique fort particulier que tient l'évocation des "années 30" dans le discours public.
Objet discursif battu et rebattu, lieu commun du propos politico-médiatique oscillant entre la verve pamphlétaire sordide d'un Philippe Val et le réflexe conditionné de tout politicien en mal de déclaration forte, il est en vérité une mécanique totalitaire et terroriste du langage, un marqueur moral définitif et absolu, du moins en porte-t-il l'ambition performative. En cela, notons qu'il est encore en deçà de son cousin "antisémitisme", bien plus efficient, auquel il est d'ailleurs inconsciemment associé, et dont l'usage social a été monopolisé et systématisé par les intérêts bien compris de ceux qui s'y adonnent avec une obstination partisane enragée.

En prétendant enfermer l'Histoire dans un cycle de répétitions, le réflexe "années 30" énonce non seulement une stupidité qui n'est plus à démontrer mais crée, en quelque sorte, les conditions d'une prophétie auto-réalisastrice. Car, ce qui compte, implicitement dans "les années 30" ce ne sont pas ces années là pour elles-mêmes mais bien pour celles qui suivent dont elles forment la matrice. Crise-montée du nazisme-aveuglement des démocraties-guerre mondiale - extermination -millions de morts. En réduisant une période à un système de causalité quasi-mécanique, l'énonciation est téléologique. Elle lit le passé au prisme de la suite.
Notons au passage qu'elle comporte une lourde dose de facteurs anxiogènes, ce qui en fait toute sa force. En effet, si l'on préfère insister sur les causalités que sur le résultat qui pourrait être, en première analyse, plus efficiente, c'est parce que le tabou, l'implicite et le refoulé qui entourent la décennie suivante, en entretenant une sacralité intouchable et inviolable rendent le système causal antérieur plus angoissant encore. Dès lors, outre qu'elle place celui qui énonce la définitive sentence dans la position morale valorisante du "résistant dès 1933" ( ce qui en dit d'ailleurs long sur la culpabilité collective entretenue et cultivée par les sociétés européennes et sur les canons de la gloire et de la vertu politique que celles-ci ont pour référence ultime), elles constituent dans une certaine mesure une dépossession en éliminant ou réduisant d'office ce qui, dans cette période, eût pu transformer l'avenir, infléchir le sens de l'Histoire, dessiner des chemins et des voies de conséquences tout autre. En bref, elle est une négation de la politique comme possibilité de changement, comme fabrication d'horizons utopiques et émancipateurs.

Proclamer le retour des "années 30" c'est ( inconsciemment peut-on supposer dans la plupart des cas...) tester des réflexes mémoriels chez l'auditoire, convoquer une imagerie commune et travaillée dont l'élaboration relève pourtant d'un choix arbitraire et, ce faisant, refuser, par ignorance, bêtise, calcul ou indifférence, aux perdants du passé la reconnaissance et la légitimité de leurs ambitions et de leurs possibilités politiques. En rejouant sans cesse les catégories morales de l'autrefois officiel, non seulement on appauvrit le passé mais en plus on détermine le présent. De là à dire que l'utopie politique est un langage inutile, que la solution consiste à laisser cette prérogative à ceux qui ont les compétences pour bâtir les cadres du futur et qu'il serait dangereux de s'écarter de la voie tracée parce qu'elle nous ramènerait à des parfums que nous ne voudrions surtout pas connaître à nouveau, il n'y a qu'un pas...
Et si la fin de l'Histoire c'était précisément d'être prisonnier de sa pesanteur ?

Après Zizou... La Zaza (Je te veux si tu veux de moi)

(Ecrit à 6 mains, dont 2 dans le slip, toi aussi devines qui qui dit quoi)

L'apport de la culture (civilisation?) maghrébine à l'Europe est à chercher du côté du corps... Tabatha Cash, Zahia Dehar, Zinnedine Zidane... Hafida Turner... Mais aussi Mahmoud, maçon ou Jelloul, mineur... En parlant de mineurs, j'allais oublier Bunga Bunga Ruby alias Karima El Mahroug; Ruby c'est plus vendeur... comme dans le sketch des inconnus. Ce serait facile de parler d'exploitation, de domination, et de prostitution (de palace ou de trottoir) mais là n'est pas mon propos. Je ferai juste remarquer que la ligne de vêtements Zahia Dehar (au vu de la quantité de tissu utilisée, j'ose à peine les appeler ainsi) est symptomatique de son âme d'enfant à peine pubère et que son inspiration ressemble vaguement à celle d'une enfant de 5 ans... princesses, papillons et fées... Le tout en version salope mais, pour une fois, je ne veux voir que la candeur de la chose. D'ailleurs son physique-même est celui d'une adolescente à qui on aurait collé de faux seins, de fausses lèvres et une fausse attitude aguichante... (Oui, je sais on aurait dû lui greffer aussi un cerveau). Et que dire du rôle de Lagelfeld? Il doit se prendre pour Pygmalion sauf que d'un être vivant il a fait un corps inerte et mort.

Personnellement je n'avais pas même relevé que Zahia était d'origine non française... l'assimilation par la prostitution et la décoloration a fait son oeuvre chez moi... Ce qui m'intéresse chez cette gourdasse, c'est plutôt sa capacité a capitaliser sur une image de pute mineure de luxe pour footballeur quasimodesque marié, au point de s'introduire dans la plupart des médias, même prétendument sérieux, s'adressant probablement au même public que celui séduit par Ariane Massenet, Christophe Dechavanne ou Nadine Morano.
Et finalement, Zahia n'est autre qu'une Nadine Morano comme les autres... Une femme dont la carrière tient uniquement sur la forme, l'image, la brillance. Et après tout, quoi de plus normal pour une péripatétipute (je parle de Zahia là, hein) comme pour une rabatteuse de chalands fatigués ne frissonnant plus que par la queue ou par la brève de comptoir
Donc, oui, la France est un pays de cons. On a les putes et les politiques qu'on mérite. C'est bien fait pour vos gueules. 

Mais est-ce la France ou le monde entier qui fonctionne ainsi ? Et puis ici, on pointe généralement assez les faux impertinents, les faux critiques pour ne pas jeter la pierre aussi sur leurs images opposées: ces hommes de l'ombre, communicants, conseillers en com, publicitaires, directeurs marketing et faiseurs d'opinions consuméristes en tout genre qui, tranquillement et par la grâce diffuse de la déresponsabilisation sociale que permet l'éclatement des tâches et l'arrivisme entêtant qui meut les structures sociales qui les porte, seront capables de tout vendre, sans morale, sans foi, sans principes...
Ils nous vendront le fascisme, les camps, la ségrégation sociale quand ça sera vendeur comme ils pourraient vendre la pédophilie, le crime ou le vol, ce qu'ils font déjà d'une certaine manière.

Scènes de ménage

-Non Nicolas, c'est fini.
-Mais chérie, c'est pas possible...
-Après tout ce que tu m'as fait, tout devient possible.
-Tu es injuste. Je me suis déjà excusé et je t'ai promis de changer.
-Promettre, t'excuser, tu n'as fait que ça ces dernières années.
-C'est la preuve que je tiens à toi.
-C'est la preuve que rien ne changera.
-Sois forte. Prends du recul. Nous deux, ça peut pas se terminer comme ça. Je ne suis quand même pas le monstre que tu décris. Oui, j'ai déconné mais je ne suis pas le seul responsable de la situation...
-Et voilà, ça recommence! Je le savais. Tes excuses, du bidon! Tu esquives de nouveau tes responsabilités. Tu vas encore me faire croire que si tu m'as humiliée tant de fois c'est que j'y étais pour quelque chose, que si tu m'as frappée c'est que je te poussais à bout, que si...
-Arrête. J'endosse tout. Je suis à genoux, tu ne peux pas me faire ça... Je t'en supplie...
-Et il retourne la situation... C'est moi qui te fais violence... Manipulateur!
-Oui, tu me fais du mal, tu nous fais du mal...
-On dirait Lucas... Il frappe Hélène avec des larmes pleins les yeux et tout en cognant il l'agonit d'insultes parce que, selon lui, c'est elle qui le pousse à faire ça.
-On en est pas là... Je ne suis pas comme ça.
-Non, c'est fini. Marre de me sentir mal, marre de devoir m'écraser, marre de voir ma dignité piétinée. Je ne suis pas une parasite que tu entretiens. Je ne suis pas dépensière. Je ne suis pas une jeune mineure dont on doit surveiller faits et gestes. J'en ai assez de vivre dans cette suspicion quotidienne, dans cette frugalité monastique, ta pingrerie m'étouffe... Sans parler de ta pouf... Angela...
-Marianne...
-C'est fini, Nicolas.


vendredi 17 février 2012

J'aime Poutou, j'aime Joly

J'aime Poutou et j'aime Joly,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

Parce qu'ils sont maudits, chétifs,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu'ils sont les tristes captifs
De leur guet-apens ;

Parce qu'ils sont pris dans leur oeuvre ;
Ô sort ! fatals noeuds !
Parce que Joly est une couleuvre,
Poutou un gueux;

Parce qu'ils ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'ils sont toutes deux victimes
De la sombre nuit...

Passants, faites grâce au candidat obscur,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la rigueur,
Oh ! plaignez le mal !

Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,

Pour peu qu'on leur jette un oeil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine verte et le mou du verbe
Murmurent : Amour !

jeudi 16 février 2012

Les années 30

Dans le débat, comme dans de nombreux jeux, il y a un joker: quand on veut dramatiser, quand on veut noircir l'adversaire, quand on est à cours d'arguments. Je ne parle pas de la reductio ad Hitlerum qui n'est qu'une variante, je parle de la matrice le retour sempiternel des années 30.

La première fois que je l'ai vu utilisé, c'était par des "intellectuels" attaqués vivement par des journalistes qu'ils trouvaient un peu trop cavaliers à leur égard. Faire appel aux années 30, dans ces cas-là, revenait à ramener ce journalisme un peu véhément aux belles heures de Gringoire, Je suis partout, Le Candide (le maurrassien), l'Action Française etc. De même que Le Pen n'est pas tout à fait Hitler, de même Serge Halimi n'est pas tout à fait Maurras. La reductio ad Maurrassem en vaut bien une autre. Qui aujourd'hui pourrait faire des appels aussi clairs que: « C'est en tant que Juif qu'il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum. Ce dernier verbe paraîtra un peu fort de café : je me hâte d'ajouter qu'il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu'il rêve contre nos compagnons d'armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer. » Oui, hein, vous voyez bien qu'on est un peu loin des années 30 dans le journalisme et encore là c'est du soft. J'aurais pu trouver plus gratiné, si je m'en étais donné la peine (d'ailleurs appel aux bonnes âmes historiennes de ce blog).

Beaucoup ont aussi glosé sur l'irénisme candide des bien-pensants de gauche qui ne prenaient pas au sérieux l'inéluctable progression de la peste verte de l'islamo-fascisme, qui ,pour les plus optimistes, est à nos portes et, pour les plus pessimistes, déjà dans la maison. L'ombre du munichisme planait sur tous les débats et des comités de vigilance auto-proclamés écumaient les plateaux et les tribunes pour mettre en garde contre la guerre qui vient.

 Et ensuite il y a eu la crise et pas n'importe quelle crise... Une crise qui, paraît-il, ressemble fort à une certaine crise de 29, avec des préconisations pour la résoudre qui semblent, pour certaines, calquées sur celles de certains gouvernements des années 30. Comparaison n'est pas raison encore une fois mais les droites se durcissent, les affaires politico-financières défraient la chronique, les plans de rigueur s'enchaînent, la défiance envers les élites augmente mais... aucune violence. La rue reste calme et les gens restent sidérés. 

Certains nous invitent à regarder plus loin en Europe. Par exemple vers la Grèce. C'est vrai, ils en sont à un stade plus avancé. L'Espagne? Guère plus vaillants et les plans de rigueur qui ne manqueront pas de s'ajouter aux actuels risquent bien de mettre le feu aux poudres. Et toujours le même cocktail de corruptions en tous genres qu'elles soient financières, civiques ou morales (vous récriez pas, c'est une des composantes psychologiques qu'il faut envisager). Les portes du Mordor sont donc sur le point de s’ouvrir de nouveau et de laisser se déferler sur l'Europe les hordes d'orcs, gobelins et autres joyeux représentants de l'Empire du Mal.

Le sens populaire a quelquefois raison: à force de crier au loup. Au milieu de tous ces cris d'orfraie on n'entend pas forcément le bruit sourd de l'Histoire... Ahum, oui bon. Je veux dire qu'il n'est nul besoin de connaître sur le bout des doigts les événements des années 30 pour voir le péril vers lequel nous plongeons gaiement. Les modèles doivent rester ce qu'ils sont. Penser que l'Histoire se répète à l'identique est une connerie. Cela n'empêche pas de craindre la répétitions de schémas historiques dont on connaît les conséquences possibles. Et certains hommes politiques feraient mieux de ne pas jouer avec des allumettes au milieu des tonneaux de poudre qu'ils ont auparavant pris soin d'éventrer. Affamer les peuples, exciter leurs peurs primales, poser les mauvaises questions, pointer du doigt les faux coupables... Le grognement des trolls, vous l'entendez?

mercredi 15 février 2012

une goutte de merde de plus dans ce vase sans fond...


L'UMP, la droite populaire, le FN... à chaque jour suffit sa pine...  aujourd'hui un joli combo godwin/homophobie... respect

Et après tout, qu'ils continuent, qu'ils n'hésitent pas.
Que tous les loups sortent du bois les dents bien en avant et on saura mieux qui savater.
Vive la droite décomplexée et vivement les tranchées  qu'on s'en paie une bonne tranche.

Ah, et sinon, là, de suite, je m'amuserai bien de voir Marine LePencassine ne pas avoir ses signatures juste pour assister aux manifs de fachos appelant à un élan démocratique!!! 




mardi 14 février 2012

Migration et tourisme

C'est donc sans détour que j'entre de plain pied dans cette nouvelle aventure tant de fois promise, plusieurs fois échouée, enfin accomplie.

Délaissant les suspectes facilités que quelques marchands du temple, aguicheurs comme vous savez qu'ils le sont, nous avaient refourgués à bas prix pour déchanter devant l'incommensurable impéritie et incurie du précédent gestionnaire de plateforme, c'est dans la simplicité que désormais nous agirons de concert, fustigeant les puissants, matraquant à qui voudra bien les lire nos anathèmes brillants, nos spirituelles saillies, nos indignations sélectives mais concentrées, accomplissant en urinant du bonheur jovial du chiot retrouvant son maître, la tâche fort enviable de critiques sociaux et d'acteurs d'une contemporanéité foisonnante bien que déprimante.

Moi, qui me targue d'être le seul représentant noir de l'auguste athénée de mes chers camarades, j'en suis d'autant plus flatté qu'on m'offre une tribune d'où je m'efforcerai de dispenser cette culture humaniste, funky et indifférencialiste qui caractérise si bien les gens de goût, en y ajoutant, du fait de ma négritude intérieure (blackinsideness) ce supplément d'âme (soul) et de rythme (groove) qui nous rappelleront que si toutes les civilisations ne se valent pas, l'Afrique de l'os dans le nez demeure le berceau de l'humanité.

Frères, nous voici de retour!

We shall overcome, comme le dit Serge Letchimy