Dans La
condition de l'homme moderne, la philosophe Hanna Arendt dit :
“L'action muette ne serait plus action parce qu'il n'y aurait plus
d'acteur, et l'acteur, le faiseur d'actes, n'est possible que s'il
est en même temps diseur de paroles.” C'est bien de commencer par
une citation, ça donne l'air intelligent et ça ramène tout un
chacun vers la solitude inquiète des jours de dissertation
philosophique, où l'on prie fébrilement le dieu de l'Auctoritas
pour qu'il nous guide vers la lumière. Après, chacun en fait ce que
bon lui semble, je vais pas en plus vous la commenter.
Le discours
politique, si on le définit un peu rapidement, est un discours qui a
pour lieu le champ social et qui a pour visée d'agir sur l'autre et de
changer son état en le faisant agir, réfléchir, croire et tout ce
qu'on voudra. En gros sa fonction perlocutoire est
mise en avant. Blurp.
Excusez-moi c'est un reflux de linguistique mal digérée.
Même
si on en a pas encore parlé, revenons à Sarkozy. Quelle action a
son discours ? Stigmatisation d'une minorité puis d'une autre
et encore une autre... Et on revient à la première. Là on est pas
dans le perlocutoire
si vous suivez, ce que je décris serait plus dans le locutoire. Le perlocutoire
c'est ce que ce discours va produire chez lui et chez les autres, c'est-à-dire un peu chez vous aussi.
Influence escomptée : s'attirer des voix. Influences
collatérales : à vous de voir ; ça peut aller de « Ah
ouais c'est vrai que les Arabes puent du cul » à « Killing
an Arab » en passant par « Rends-moi mon CD sale Rom ! ». On peut raisonnablement penser que ça poussera certains à agir. Par exemple Raymond pensera qu'il faut sauver la France et prendra son marteau dans le but saugrenu d’exploser les couilles de son voisin Mahmoud, d'origine algérienne, et heureux papa de six beaux enfants, tellement mignons mais un peu turbulents surtout quand Raymond essaie de faire la sieste, le dimanche. Par cet acte autonome et réfléchi il pense mettre fin aux maux de la France en coupant définitivement le robinet à chiards de Mahmoud.
Et
les commentateurs adorateurs de Sarkozy de décrypter et de rassurer.
« Telles ne sont pas ses intentions. » « Mais non
son inconscient n'est pas raciste. » « C'est juste un
positionnement, son idéologie n'est pas d'extrême droite . »
Oui, mon con, mais en attendant ses discours produisent des réalités,
induisent des comportements, normalisent des idées. Pendant que vous sondez son inconscient, certaines personnes, bien réelles, sont en train de se faire sonder le... Le discours, disais-je, avant d'être malencontreusement interrompu, de manière cavalière, par moi-même,
n'est pas aussi univoque que les communicants veulent bien le dire.
C'est... hum... plus complexe. On est dans un champ d'interactions multiples et par un acte de langage donné on n'obtient pas toujours le résultat escompté. Ce serait trop facile, n'est-ce pas?
Après, on peut aussi se dire que dans tous les cas Sarkozy obtient, systématiquement, l'effet escompté: nous faire peur. Peu importent du coup les autres actions de son discours, tant que la case "peur" est active. Pourquoi la peur? Parce que c'est un ressort très puissant. Si je te fais peur, j'ai le pouvoir de te faire obéir; j'ai une influence sur toi. Du coup l'idée c'est d'utiliser la case "peur" activée par la menace arabe pour activer ensuite d'autres cases... J'ose à peine imaginer lesquelles. Ce qui est sûr c'est qu'il arrive souvent à ses fins. Regardez Carlita, regardez le maintenant. La puissance du langage est incommensurable... A moins que ce ne soit celle du pouvoir, de l'argent et des relations... J'ai un doute là.
3 commentaires:
Dis moi tu serais pas un peu de la jaquette toi, à vouloir perlocuter tout le monde là...
Bon, comme t'as rien compris, je recommence... Alors.
Sinon tu cumules là... En plus de tout le reste t'es homophobe... Pfff quelle dèche!
Il est pas qu'homophobe, c'est aussi le roi des machos.
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