Toulouse, point à la ligne.
Car désormais c'est clair : on rentre dans un autre cycle politique. C'est confus, ça fait peur, on ne sait plus où on va. Les lignes bougent à droite, les recettes xénophobes font fortune largement au-delà des cercles extrémistes.
Mais les lignes bougent à gauche aussi. Les dinosaures communistes en voie d'extinction se retrouvent une deuxième jeunesse. On avait réussit à les ringardiser, à déclarer les thématiques qu'ils portaient complètement dépassées, l'actualité financière mondiale les remet dans la course. C'est l''hégémonie de la troisième voie et de la social-démocratie mode 1989-2008 qui aujourd'hui prend un coup de vieux.
Petit tour d'horizon en Europe, dans un amalgame honteux de politiciens de traditions très différentes, qui me vaudrait les foudres de l'orthodoxie léniniste et/ou trotskyste mais qui prétend simplement prendre le pouls d'une opinion publique pour qui la critique du capitalisme financier est redevenu un sujet vendeur.
Passons vite sur la Grèce, cas trop particulier pour être illustratif. N'empêche, les dernières projections donnent les forces de gauche hors socialistes à 40 %, et les communistes tous seuls à 20 %. Espérons que tout ça ne finisse pas par un beau coup d'état militaire...
En Italie, au siège du centriste PD, on doit maudire le jour où un jeune communicant cool a eu l'idée d'ouvrir des primaires à gauche. Jour après jour, les candidats officiels et parachutés se font battre par des outsiders ou alors des proches de Vendola, le président des Pouilles, sorte de Mélenchon local, présenté comme populiste et ex-communiste. Et c'est ces outsiders là qui ont parvenu en 2010 à ravir à la droite les mairies de Milan et de Naples, réussissant le double exploit d'humilier à la fois Berlusconi et le PD.
En France, le dernier sondage BVA donne Mélenchon à 14 %. What else?
Et l'Espagne m'a donné la petite joie du week-end.
Pourtant tout était prêt à Genova, le siège du Parti Populaire. Les dernières déclarations de leur porte-parole faisaient état d'une confiance sans faille : les andalous allaient leur donner la majorité absolue qui allait consacrer leur hégémonie totale sur la péninsule et donner l'estocade définitive à un PSOE agonisant, en leur ravissant leur dernier bastion et la communauté autonome la plus peuplée (10 millions d'habitants).
Et en effet, le PSOE était bien mal en point, usé par 8 ans de Zapaterisme (dont les 4 derniers chaotiques) et 30 ans de pouvoir local ininterrompu, avec son lot de clientélisme et corruption. Le cas le plus folklorique, celui du responsable du plan andalous d'aides à la pré-retraite, qui dépensait avec son chauffeur 25 000 euros en coke par semaine. Rajoutez à cela le taux espagnol le plus élevé de chômage, avec 31% de la population, et des résultats historiques il y a 4 mois (49 %, du jamais vu en Andalousie), on comprend aisément que la droite bandait dur.
Et ils ont pris leur précautions. Pour que rien n'entrave l'éclat de leur victoire, le budget 2012 n'a pas encore été voté en Espagne (je me demande d'ailleurs comment les administrations peuvent fonctionner sans savoir de combien d'argent elles peuvent disposer). Mot d'ordre à Genova : d'abord l'Andalousie, puis le budget. Et Merkel exaspérée...
Et pourtant...
En 4 mois, la droite a perdu 9 points. La majorité absolue est très loin. On ne boudera pas notre plaisir en voyant comment ils refermaient les caisses de champagne à Genova. Les communistes, entretemps, ont doublé leur score. Résultat définitif : 12 %. Ils ont désormais le choix entre sauver un PSOE moribond ou faire comme en Extrémadure, où après des jours de tractations, ils ont refusé le gouvernement de coalition, laissant gouverner la droite, mais affichant aux yeux de l'opinion publique une indépendance retrouvée et brisant leur image de parti satellite.
Prochain round, dans trois jours, avec la première grève générale de l'ère Rajoy.
3 commentaires:
"Ils ont désormais le choix entre sauver un PSOE moribond ou faire comme en Extrémadure, où après des jours de tractations, ils ont refusé le gouvernement de coalition, laissant gouverner la droite, mais affichant aux yeux de l'opinion publique une indépendance retrouvée et brisant leur image de parti satellite."
Un pronostic, en cas de bon score de Mélenchon?
Pour l'Andalousie c'est presque sûr, il y aura coalition. Les socialistes, malgré le marasme économique de la région et la corruption, ont sauvé les meubles en présentant un budget à peu près équilibré et ce sans faire trop de coupes en éducation et santé, alors que des régions réputées riches comme la Catalogne, Valence et Madrid privatisent et coupent à tour de bras pour combler le déficit... Les communistes ont tout intérêt à seconder ces initiatives.
L'extrémadure c'est une autre affaire. Déjà c'est le leader local qui a organisé un vote militant pour décider des coalitions, et ce contre l'avis de la direction fédérale, qui était pour gouverner avec les socialistes. Faut dire que le PSOE d'extrémadure est traditionnellement ancré à droite... Et que dans l'Espagne décentralisée, les fédérations locales ont tout le pouvoir, et qu'un président de région c'est une figure largement plus importante qu'un ministre.
Pour Mélenchon, faut-il vraiment faire un pronostic?
Dans un autre contexte, qui sait, mais aujourd'hui ou "le peuple de gauche" conspue le sarkozysme, personne ne comprendrait. Après faut voir s'ils rentrent au gouvernement, avec quelle force, quelle latitude d'action, etc...
Quelle est la question du pronostic ?
S'il s'agit de faire élire Hollande ou de faire gagner la gauche en général aux législatives, le FDG a bien dit qu'il le ferait.
Pour la participation au gouvernement, Mélenchon répète partout qu'il n'en sera pas. Je suis moins sûr concernant les communistes qui ont sans doute déjà négocié certaines circonscriptions, mais tout dépend du score de Mélenchon aux présidentielles.
Un groupe FDG ne participant pas au gouvernement à gaucne de l'assemblée aurait aussi son utilité surtout si le PS n'a pas de majorité absolue.
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