Un combat fait rage dans mon intimité domestique. Une guerre larvée, sournoise, insistante. Un conflit de basse intensité comme disent les stratèges contemporains. L'enjeu en est clair. Il ne s'agit pas du partage des tâches ménagères. En la matière, je suis très traditionaliste, faut pas déconner. Il ne s'agit pas non plus de la question du partage de l'oreiller ou du matelas.
Il s'agit du partage de l'espace sonore.
Je ne supporte plus France Inter.
J'en peux plus.
J'en ai ma claque. Je craque. Voilà.
La scène classique est la suivante :
Ingénu et encore pâteux, je rentre dans la cuisine pour prendre mon café, j'entends la voix sournoise de ce petit merdeux de Patrick Cohen annoncer le Bernard Guetta suivant. Le réflexe primaire c'est de baisser le son. Couper la chique à ces infects cons qui pérorent sur l'état des marchés, les réformes et les questions "concrètes", sur la marche du monde, avec l'air entendu de ceux qui étalent les banalités et les contre-vérités en guise d'analyse et qui feignent de penser qu'un ton de roquet peut faire office de sardonique impertinence et qu'une voix d'universitaire au débit enflammé suffit à rendre subtil ce qui est juste idiot. Pardon on dit "expertise", pas "analyse". Expert de quoi Guetta ? Expert en pensée unique voilà tout! Le point commun avec son abruti de frère ( dont on paierait le coiffeur pour lui raser la tignasse et un prof de solfège pour lui apprendre la musique ) est tout trouvé. L'un parle, l'autre mixe, mais tous deux produisent de la bouse auditive, de la soupe informe et sans intérêt, de la merde nuisible à la santé qui n'a d'autres buts que de décerveler et endormir. Immédiatement je me prends une remarque sur mon intolérance et mon non respect des pratiques et des goûts de l'autre. Un classique. Froissé que je suis dans mon idéal humaniste de gauche mais néanmoins radical, je tente alors la parade argumentative en mode critique des médias-Acrimed : "mais tu peux pas cautionner ces enculés, en plus putain l'invité c'est encore BHL/Copé/Parisot/Valls...(rayez de la liste, hélas incomplète, les mentions des connards inutiles), non mais sans déconner, putain, toujours les mêmes et leurs questions à la con là, ça se croit fin c'est juste débile...le copinage continue, ah ça...tout ça c'est de la fabrication du consentement, de la pensée entre les cadres bien établis...Putain je les foutrais tous en camp, ça ferait pas un pli! " A ce stade acméique de ma puissance argumentative, en général, ma douce et tendre ne m'écoute plus et vaque à ses légitimes occupations matinales. Optant pour la solution intermédiaire qui consiste à baisser un peu mais pas trop tout en déplorant intérieurement la défaite partielle que je viens de subir, je me mets alors à enrichir mon organisme d'une dose supplémentaire de caféine. Ce dernier geste, vous l'aurez noté, n'est peut être pas la meilleure des idées lorsqu'il s'agit de supporter les élucubrations de quelque sale type récitant son catéchisme droitier à peine troublé par la fausse impertinence masquant la vraie collusion d'esprit d'une question du journaliste sempiternellement identique à celle qui fût posée la veille au semblable invité. ( Là je fais une pause pour que vous respiriez. ) Ce qui donne ainsi l'occasion de fulminer toutes les 3 minutes et d'accroître insidieusement les chances de vous provoquer un jour, lorsque trop de temps aura passé devant ce décor d'indigne et misérable courtisanerie journalistique, là, au beau milieu de votre cuisine, un AVC qui vous éloignera pour de bon de tous ces cons. Et ce jour là, ils vous auront eu. Pascale Clark (un sac, je vais vomir) en fera peut être l'entrée en matière de sa chronique. Fait divers.
Je passe sur les piaillements incongrus de la chroniqueuse humouristique de service, insupportable péronnelle qui se pique de morale et de vertu devant chaque grande porte ouverte et qui est à la satire politique ce que ses collègues matinaux sont à la critique sociale et politique : des usurpateurs patentés et des arrivistes mielleux. Ecouter France Inter revient souvent à laisser son imaginaire captif des fayots de la maitresse, des bons en maths du premier rang.
Je ne m'attarde pas sur les cautions morales, intellectuelles voire "gauchistes" de la station, il y en a, de très bonnes, reléguées à des heures inabordables, noyées dans la masse, et qui ne viennent pas troubler le fond structurellement confit de bienséance, de servilité, d'obséquiosité, de fausse modestie et d'imbécilité mal-assumée de l'ensemble. Elles peuvent à la rigueur faire figure de terrain d'entente, d'espace de négociation, d'accord de paix dans le conflit, mais elles sont bien fragiles. On a pas souvent rendez-vous avec X. France Inter la différence avec Europe 1 c'est les pubs pour la recherche médicale en plus.
Je ne parle même pas de ces émissions que même les plus assidus dont ma douce moitié peut prétendre être, réprouvent avec une mine de dégoût, cette infecte tranche située entre 9h et 13h, dont l'éthique et le niveau de réflexion peinent à se hisser au stade de la ligne éditoriale d'Elle et de Que choisir.
Moments particulièrement âpres : la conquête de l'espace sonore de la voiture. Faut-il entendre "le téléphone sonne" ? Faut-il supporter ces émissions-concepts qui oscillent entre le rire et le semi-sérieux, un peu de critique musicale, littéraire façon Inrocks, des feuilletons dont l'esthétique ressemble étrangement aux pubs pour les assurances Maaf, et ces radio-zappings crétinisants qui nous rappellent que la grande synthèse de tout ce merdier nous entourant c'est la légère déconnade, le petit rire gras qui soulage sur le bout de phrase drolatique. Mais marre de déconner, marre de cette pensée molle et hachurée, ils nous font chier ces branleurs sans cervelles, ces vendeurs de spiritualité légère boboïsants ! (mode Jean-Pierre Bacri) rien n'est jamais sérieux hormis ce qui en sont les professionnels en fixent les bornes, tout est toujours sujets à rire, on se croirait au Grand Journal sur Canal +. Désarmer la critique par l'overdose comique. La même règle de TF1 à M6, de RTL à Radio France. Laisser aux sérieux la maîtrise des choses importantes et ne jamais s'attarder sur rien. Tas d'imbéciles stipendiés sans conscience. Enfarinés suffisants. Le monde est noir et vous le peignez de touches de rose. Rien à cirer de vos pâles imitations, Ruquier sors de ce corps. Vous fabriquez le lâche abandon à l'ordre global des choses grimé en ironie acceptable.
La réponse est bien évidemment non, on va pas se taper ça pendant 1 h, on met FIP plutôt au moins ça cause jamais et y'a de la bonne musique, comment ça je t'emmerde ? Ah bon on capte pas FIP ici ? putaiiiiinnnn... il ne me reste plus alors qu'à me murer dans mon désarroi et sombrer dans le sommeil de l'indigne rêvant peut être au jour où un forcené débarquera avec une hâche dans la Maison de la Radio et détruira tout sur son passage humiliant les suppliciés avant de les achever avec une brutalité féroce qui n'aura d'égale que la longue patience du commun face à leur bêtise et à leur renoncement.
Et sinon on va au ciné ce soir ?
Il s'agit du partage de l'espace sonore.
Je ne supporte plus France Inter.
J'en peux plus.
J'en ai ma claque. Je craque. Voilà.
La scène classique est la suivante :
Ingénu et encore pâteux, je rentre dans la cuisine pour prendre mon café, j'entends la voix sournoise de ce petit merdeux de Patrick Cohen annoncer le Bernard Guetta suivant. Le réflexe primaire c'est de baisser le son. Couper la chique à ces infects cons qui pérorent sur l'état des marchés, les réformes et les questions "concrètes", sur la marche du monde, avec l'air entendu de ceux qui étalent les banalités et les contre-vérités en guise d'analyse et qui feignent de penser qu'un ton de roquet peut faire office de sardonique impertinence et qu'une voix d'universitaire au débit enflammé suffit à rendre subtil ce qui est juste idiot. Pardon on dit "expertise", pas "analyse". Expert de quoi Guetta ? Expert en pensée unique voilà tout! Le point commun avec son abruti de frère ( dont on paierait le coiffeur pour lui raser la tignasse et un prof de solfège pour lui apprendre la musique ) est tout trouvé. L'un parle, l'autre mixe, mais tous deux produisent de la bouse auditive, de la soupe informe et sans intérêt, de la merde nuisible à la santé qui n'a d'autres buts que de décerveler et endormir. Immédiatement je me prends une remarque sur mon intolérance et mon non respect des pratiques et des goûts de l'autre. Un classique. Froissé que je suis dans mon idéal humaniste de gauche mais néanmoins radical, je tente alors la parade argumentative en mode critique des médias-Acrimed : "mais tu peux pas cautionner ces enculés, en plus putain l'invité c'est encore BHL/Copé/Parisot/Valls...(rayez de la liste, hélas incomplète, les mentions des connards inutiles), non mais sans déconner, putain, toujours les mêmes et leurs questions à la con là, ça se croit fin c'est juste débile...le copinage continue, ah ça...tout ça c'est de la fabrication du consentement, de la pensée entre les cadres bien établis...Putain je les foutrais tous en camp, ça ferait pas un pli! " A ce stade acméique de ma puissance argumentative, en général, ma douce et tendre ne m'écoute plus et vaque à ses légitimes occupations matinales. Optant pour la solution intermédiaire qui consiste à baisser un peu mais pas trop tout en déplorant intérieurement la défaite partielle que je viens de subir, je me mets alors à enrichir mon organisme d'une dose supplémentaire de caféine. Ce dernier geste, vous l'aurez noté, n'est peut être pas la meilleure des idées lorsqu'il s'agit de supporter les élucubrations de quelque sale type récitant son catéchisme droitier à peine troublé par la fausse impertinence masquant la vraie collusion d'esprit d'une question du journaliste sempiternellement identique à celle qui fût posée la veille au semblable invité. ( Là je fais une pause pour que vous respiriez. ) Ce qui donne ainsi l'occasion de fulminer toutes les 3 minutes et d'accroître insidieusement les chances de vous provoquer un jour, lorsque trop de temps aura passé devant ce décor d'indigne et misérable courtisanerie journalistique, là, au beau milieu de votre cuisine, un AVC qui vous éloignera pour de bon de tous ces cons. Et ce jour là, ils vous auront eu. Pascale Clark (un sac, je vais vomir) en fera peut être l'entrée en matière de sa chronique. Fait divers.
Je passe sur les piaillements incongrus de la chroniqueuse humouristique de service, insupportable péronnelle qui se pique de morale et de vertu devant chaque grande porte ouverte et qui est à la satire politique ce que ses collègues matinaux sont à la critique sociale et politique : des usurpateurs patentés et des arrivistes mielleux. Ecouter France Inter revient souvent à laisser son imaginaire captif des fayots de la maitresse, des bons en maths du premier rang.
Je ne m'attarde pas sur les cautions morales, intellectuelles voire "gauchistes" de la station, il y en a, de très bonnes, reléguées à des heures inabordables, noyées dans la masse, et qui ne viennent pas troubler le fond structurellement confit de bienséance, de servilité, d'obséquiosité, de fausse modestie et d'imbécilité mal-assumée de l'ensemble. Elles peuvent à la rigueur faire figure de terrain d'entente, d'espace de négociation, d'accord de paix dans le conflit, mais elles sont bien fragiles. On a pas souvent rendez-vous avec X. France Inter la différence avec Europe 1 c'est les pubs pour la recherche médicale en plus.
Je ne parle même pas de ces émissions que même les plus assidus dont ma douce moitié peut prétendre être, réprouvent avec une mine de dégoût, cette infecte tranche située entre 9h et 13h, dont l'éthique et le niveau de réflexion peinent à se hisser au stade de la ligne éditoriale d'Elle et de Que choisir.
Moments particulièrement âpres : la conquête de l'espace sonore de la voiture. Faut-il entendre "le téléphone sonne" ? Faut-il supporter ces émissions-concepts qui oscillent entre le rire et le semi-sérieux, un peu de critique musicale, littéraire façon Inrocks, des feuilletons dont l'esthétique ressemble étrangement aux pubs pour les assurances Maaf, et ces radio-zappings crétinisants qui nous rappellent que la grande synthèse de tout ce merdier nous entourant c'est la légère déconnade, le petit rire gras qui soulage sur le bout de phrase drolatique. Mais marre de déconner, marre de cette pensée molle et hachurée, ils nous font chier ces branleurs sans cervelles, ces vendeurs de spiritualité légère boboïsants ! (mode Jean-Pierre Bacri) rien n'est jamais sérieux hormis ce qui en sont les professionnels en fixent les bornes, tout est toujours sujets à rire, on se croirait au Grand Journal sur Canal +. Désarmer la critique par l'overdose comique. La même règle de TF1 à M6, de RTL à Radio France. Laisser aux sérieux la maîtrise des choses importantes et ne jamais s'attarder sur rien. Tas d'imbéciles stipendiés sans conscience. Enfarinés suffisants. Le monde est noir et vous le peignez de touches de rose. Rien à cirer de vos pâles imitations, Ruquier sors de ce corps. Vous fabriquez le lâche abandon à l'ordre global des choses grimé en ironie acceptable.
La réponse est bien évidemment non, on va pas se taper ça pendant 1 h, on met FIP plutôt au moins ça cause jamais et y'a de la bonne musique, comment ça je t'emmerde ? Ah bon on capte pas FIP ici ? putaiiiiinnnn... il ne me reste plus alors qu'à me murer dans mon désarroi et sombrer dans le sommeil de l'indigne rêvant peut être au jour où un forcené débarquera avec une hâche dans la Maison de la Radio et détruira tout sur son passage humiliant les suppliciés avant de les achever avec une brutalité féroce qui n'aura d'égale que la longue patience du commun face à leur bêtise et à leur renoncement.
Et sinon on va au ciné ce soir ?
9 commentaires:
Ben si on capte Fip... Moi j'écoute le mouv'. Quoi je suis un cnetriste?
T'oublies quand même "Là-bas si j'y suis..." :-)
Sinon de la balle. Tout à fait d'accord et tout à fait toi. Bravo.
Ouais "là bas si j'y suis" c'est ce que je sous entendais quand je parlais d'émissions "gauchistes".
Sinon pour FIP si, masi quand tu prends ta bagnole pour sortir de la métropole, tu captes rapidement plus...
Ce qui est navrant, pourquoi on aurait droit à FIP que dans les grandes villes ?
Fip on y avait droit qu'à Paris jusqu'à peu. Sur Là-bas si j'y suis, j'étais légèrement sarcastique parce qu'honnêtement ça fait vite chier le "ton Mermet"
Mermet pareil, c'est à petite dose, vite chiant, mais c'est l'effet "bulle gauchiste, refuge des résistants, village des assiégés" qui participe complètement de la dynamique Rance Inter.
Moi, si j'étais ta meuf je ferais exprès de te torturer et de me marrer à t'entendre bougonner des insanités dans ton coin. Je suis sûr que quand t'es pas là elle est sur une autre station.
J'ai des doutes mais ma meuf est plus maligne sans doute car elle perçoit plus finement que moi toute la distance et les filtres qui peuvent exister entre l'émetteur et le récepteur d'une émission.
Ce qui n'empêche pas l'énervement.
Personnellement je ne crois que moyennement aux filtres. On est le produit de notre environnement pour une grande part. Un esprit sain dans un environnement sonore sain.
Après je crois qu'il en va de France Inter comme du PS, peu adhèrent vraiment au fond et c'est toujours un choix par défaut.
Y'a une forme d'écoute passive qui à long terme crée un formatage, concernant par exemple les termes du débat. Mais à court terme j'y crois pas trop, sauf pour quelques situations "d'urgence" , d'évènements exceptionnels quand on crée le besoin d'informations...
C'est vicieux et polymorphe. Vaste débat vieux comme la presse...
Pour France Inter et le PS je suis d'accord. C'est surtout selon moi la dérive du "culturalisme" à l'oeuvre depuis les années 80. Quand tout est culture, tout peut être dit, vendu, débattu, tout est mis sur le même plan, le grand marché culturel arrose la petite-bourgeoisie urbaine et intellectuelle qui tend à uniformiser ses idées et à dépolitiser le sens de ses activités et pratiques.
Culture et art sans conscience n'est que ruine de l'âme. Ca vaut aussi pour la plus "hype" france culture.
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