Voilà un billet dont j'ai eu l'idée il y a de ça 8 jours. Et puis ce fut la tuerie toulousaine et les esprits se focalisèrent sur cela et rien d'autre. Je n'y reviens pas, d'autres l'ont brillamment fait ici même.
Maintenant que le méchant est mort, que le gros de l'orage est passé, qu'on attend encore les conséquences qui ne manqueront pas de retomber, la campagne, l'air presque de rien, a repris ses droits.
Il m'est donc revenu à l'esprit le propos que je voulais tenir.
Souvenez vous, il y a 8 jours, le 18 mars, une foule dense, immense et joyeuse arpentait les rues de l'Est parisien à l'appel du Front de Gauche et de son candidat Mélenchon afin de proclamer la nécessité d'une VIe République. 120 000 personnes selon les organisateurs. Du jamais vu depuis longtemps en période électorale.
Le souffle souverain de cet évènement n'aurait pas été coupé net par le sordide fait divers (mais révélateur?) que nous avons en mémoire, nous en aurions glosé longtemps. Nous n'aurions peut être pas fait cas des petites aigreurs et mesquineries qui s'exprimèrent alors en réaction à l'évènement.
Au premier rang parmi celle-ci, celles que fit jaillir la porte-parole d'Europe-Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, sur les ondes d'Europe 1, le matin même de la manifestation, qui a peut être trouvé là plus intéressant à faire plutôt que de soutenir sa candidate attaquée de toutes parts y compris et surtout depuis son propre parti.
Alors évidemment je ne vais retenir, victime des médias sélectifs que je suis, que la petite phrase, celle précisément fabriquée pour être diffusée, répétée et ressassée à l'envi quitte à faire fi du reste du propos, lequel a tenu à dénier la légitimité du Front de Gauche de chasser sur les terres écologistes...nous avons le monopole du développement durable M. Mélenchon.
Cette phrase qui me fit réagir, la voici telle que je l'ai partiellement retrouvée sur le web:
Mais amoureux du verbe et de la dialectique que je suis, je ne me refuserai pas le plaisir de parvenir à ce point fatal au moyen d'une franche et implacable démonstration qui, je n'en doute, épatera la galerie, gagnera les cœurs, les esprits et retentira de la force morale du souverain anonyme face à la bêtise consommée des hommes et des femmes politiques.
Passons rapidement sur la pique féministe qui exploite une imagerie de beauf machiste qu'on peut accoler à Mélenchon. Les femmes qui l'entourent au Front de Gauche ou au PCF (qui fut si je ne m'abuse, le premier parti à se doter d'un secrétaire général féminin) apprécieront mais à la rigueur...passons. Là n'est pas l'essentiel. On pourrait lui reprocher de ne pas être arabe ou pédé ou franc-mac...ah si, pardon ça il l'est.
Mélenchon ferait de la politique dans le rétroviseur donc. La mythologie de la Révolution française, l'Histoire, les symboles révolutionnaires, la Bastille, la Commune, tout ça, c'est vieux, c'est du passé, révolu. S'y référer relève d'un archaïsme grossier, d'une nostalgie contestable (car mythique) et sulfureuse, d'un état d'esprit adolescent naïf et utopique qui demanderait à mûrir et à devenir raisonnable, bref, en somme, d'une conception antique de la politique qui nous renverrait à des temps obscurs heureusement finis à jamais. Evoquer la Révolution française ou la geste historique de la gauche reviendrait à se satisfaire d'une galoche maladroite sur fond de Jeux Interdits (tout aussi maladroits) à la Baule-les-pins.
Du coup par opposition, elle, et son mouvement sont les représentants de la Modernité, celle qui ne fait plus cas du passé, de ses leçons et des ses pesanteurs et qui se tourne résolument vers l'avenir. La Gauche moderne quoi. Y'a un mec qui a parlé comme ça un jour, il s'appelait Tony Blair.
Le propos de Duflot n'est pas seulement stupide, il est en plus parfaitement révélateur, outre de l'aigreur de se trouver dans une impasse politique totale après s'être lié pieds et poings au Parti Socialiste, d'une fracture de plus en plus nette du paysage politique français et européen. Et en cela, je pense compléter, d'une certaine façon, les réflexions de notre ami Ataru.
Car enfin, ne sont-ils pas la version tiède de l'idéologie libérale qui ne se vit que dans un présent perpétuel, dans la continuité d'une évolution linéaire vers le mieux et le progrès, au pays merveilleux où l'histoire a pris fin ? Si, parfaitement. Cela traduit du reste ce qu'est devenu ce parti Vert dont Mme Duflot, parfaite inconnue jusqu'alors, a hérité de la direction. Une succursale libertarisante et écolo du Parti Socialiste, un parti structuré par et pour une bourgeoisie et une petite-bourgeoisie libérale mondialisée, ou européanisée, insouciante, gavée de culture soporifique, aveuglée par la croyance niaise en la justesse de ses points de vue "progressistes"et soucieux de l'environnement, coupée des bases populaires de la gauche et des références historiques qui, précisément, fondent les liens étroits autorisant l'union des classes moyennes et des classes populaires. Ces gens là n'ont que faire de l'Histoire puisqu'ils n'ont pas d'attache à entretenir, pas de luttes à mener, leur éthique de vie n'en a pas besoin, soit qu'elle soit individualiste, soit que le pouvoir dont ils occupent les zones frontalières leur convient au fond très bien tel qu'il est. Voilà ce que m'évoque Duflot lorsqu'elle s'exprime ainsi. Comme quoi, d'un filet de fiel pathétique il est possible de tirer de larges conclusions.
Le propos de Duflot est au fond révélateur de la perdition dans laquelle se situe cette gauche-là et dans laquelle les Verts ont fait le choix d'entrer alors que d'autres solutions leur étaient sans doute possibles. Elles avaient cependant sans doute l'inconvénient d'offrir moins de postes, de municipalités et de sièges d'élus en tout genre. Le résultat est à l'image du ridicule score de leur candidate à qui on aurait souhaité un autre destin que le ridicule qui l'attend. Il faut admirer le pathétique de la situation. De ces Verts oublieux ( et qui certes pour des raisons historiques ne furent pas les spécialistes de la référence marxisto-républicaine ), de ce parti socialiste si nul, tellement nul, plat, attendu et convenu, qu'il ne parvient pas à créer de l'enthousiasme et de l'adhésion franche autour de son candidat, drapé dans un pantomime forcé d'homme d'Etat responsable, autrement que par la peur du péril brun et par détestation du sarkozysme honni, tellement il a perdu les réflexes et les références historiques du courant dont pourtant il usurpe l'identité.
Et du reste qu'est-il de plus éloigné que la Commune de ces incultes pontifiants sur une pensée vaine et satisfaite ? De ces aigres calculateurs qui sauront toujours quand il le faudra jouer sur la peur de la plèbe et la mesquinerie du populaire comme ils l'ont fait par le passé, quand il a fallu excuser un vote négatif à un référendum ou condamner des violences urbaines intolérables ? Âmes de veules Versaillais qu'ils sont (à cet instant votre chroniqueur se fait lyrique), ils laisseront les réactionnaires écraser le peuple en soufflant à peine une vague indignation pour mieux prendre leur place quand il ne restera plus rien qu'un champ de ruines des utopies. Ne pas se reconnaître de filiation c'est sans doute pire que d'user de quelque schéma par trop facile car c'est avouer sa résignation et son renoncement ! C'est du reste explicite : les mythes de la gauche c'est la tocade adolescente, comme on espère pour elle qu'elle est passée à autre chose depuis sa première pelle, Cécile Duflot s'est résignée à les abandonner. Puissant syllogisme.
Car attention, je dis incultes, mais Mme Duflot sait les choses de l'Histoire, elle a des lettres, elle a fait des études, elle est au courant du passé. Mais tout cela est neutre, peut être objectif pour elle, tout cela n'a rien à faire, ni à voir avec la politique qui doit selon elle se jouer sur des propositions concrètes et des éléments raisonnables et circonstanciés et pas sur des chimères folkloriques. Affirmer l'opposition de deux attitudes est aussi idiot que de se gargariser à grands coups de mythologie et d'imagerie révolutionnaire comme le font certains autres. Ce qui perce là dessous c'est la reformulation du fameux procès foireux en "populisme" qui n'a pas résisté bien longtemps à une analyse sémantique et historique un peu poussée et qui a surtout révélé les impensés démocratiques des soi-disant démocrates. Mais ce qu'elle oublie ce faisant c'est que la question du choix politique ne peut se résumer à la somme des choix rationnels d'individus mesurés et bien informés mais qu'il est affaire de sens et de projet collectif et donc de référence à un passé commun, qui, s'il est bien organisé, a un pouvoir évocateur très large quoi qu'on pense de la validité et de la pertinence de ces mythes. Le "vivre ensemble " débute là. Pour le reste, on peut causer. Pauvre bouffonne.
A titre personnel, je n'ai que méfiance pour les transfuges du PS ou les vieux ressorts staliniens et bureaucrates du PCF, je me méfie fort de leurs tribulations électoralistes, mais ils ont au moins la franchise du verbe et la profondeur des mythes agissants. Populisme ? Oui. Et alors ? Vous préférez les technocrates ?
La presse, devenue tout à coup curieuse et pleine de sollicitudes, comme un essaim d'abeilles sur un bouquet de lavande se rue et ne tarit plus d'éloge sur la "profonde dynamique" qui porterait le candidat Mélenchon. Et de décliner les facteurs explicatifs de son succès.
Mais à tout bien réfléchir. Ce succès ne serait-il pas plutôt dû au boulevard que Mélenchon et le Front de Gauche ont libre à gauche devant eux, et ont eu la lucidité d'entreprendre sans doute, quand la pseudo-gauche se cantonne sur les trottoirs encombrés des atermoiements, des hésitations coupables, des fulgurances masquant des vides conceptuels, des précautionneuses nuances, des oui-mais, des prudences, des leçons de "réalisme" et des appels à la raison écologique. N'est-ce pas aussi la nullité des uns qui participe du succès des autres ? N'est ce pas le vide béant laissé par le Parti Socialiste, autrefois lui aussi friand de ces envolées et références historiques qui font, en partie, le succès du Front de Gauche ? N'est ce pas le pathétique de la social-démocratie européenne, gestionnaire et résignée qui s'affirme là, manifestant, voire revendiquant son impuissance mais persévérant dans son être, à l'image de la mouche bleue contre la vitre fermée telle que j'en avais une tout à l'heure chez moi (et que j'eus pourtant peine à écraser comme une merde) ? Duflot nous rejoue une pièce déjà donnée cent fois, mille fois...à peine l'entend-on tellement son propos qui se voudrait novateur n'est pas audible, pour des raisons qu'elle se refusera, au moins publiquement, à entendre. Mais peut être est-ce plus grave et a-t-on devant nous le spectacle d'une inaptitude intellectuelle totale à penser et analyser une situation politique donnée autrement qu'au prisme d'une grammaire politique obsolète.
Il n'est alors même pas utile d'encourager cette "gauche" à prendre exemple sur les ficelles et poulies, pour certaines forts grossières peut être, utilisées par Mélenchon et sa bande, sorte de pot-pourri efficace des mythes et idées de la gauche du XXe siècle (mais la gauche a-t-elle jamais fonctionné autrement qu'ainsi ?). Ils en sont désormais incapables car intellectuellement, philosophiquement trop éloignés. Le fossé s'est mué en océan d'incompréhension et c'est peut être tant mieux.
Cécile Duflot est une crétine, certes mais n'est-elle pas condamnée à le demeurer ? Vaut-elle la peine qu'on fasse encore attention à elle ? Passons à autre chose je vous prie.
Maintenant que le méchant est mort, que le gros de l'orage est passé, qu'on attend encore les conséquences qui ne manqueront pas de retomber, la campagne, l'air presque de rien, a repris ses droits.
Il m'est donc revenu à l'esprit le propos que je voulais tenir.
Souvenez vous, il y a 8 jours, le 18 mars, une foule dense, immense et joyeuse arpentait les rues de l'Est parisien à l'appel du Front de Gauche et de son candidat Mélenchon afin de proclamer la nécessité d'une VIe République. 120 000 personnes selon les organisateurs. Du jamais vu depuis longtemps en période électorale.
Le souffle souverain de cet évènement n'aurait pas été coupé net par le sordide fait divers (mais révélateur?) que nous avons en mémoire, nous en aurions glosé longtemps. Nous n'aurions peut être pas fait cas des petites aigreurs et mesquineries qui s'exprimèrent alors en réaction à l'évènement.
Au premier rang parmi celle-ci, celles que fit jaillir la porte-parole d'Europe-Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, sur les ondes d'Europe 1, le matin même de la manifestation, qui a peut être trouvé là plus intéressant à faire plutôt que de soutenir sa candidate attaquée de toutes parts y compris et surtout depuis son propre parti.
Alors évidemment je ne vais retenir, victime des médias sélectifs que je suis, que la petite phrase, celle précisément fabriquée pour être diffusée, répétée et ressassée à l'envi quitte à faire fi du reste du propos, lequel a tenu à dénier la légitimité du Front de Gauche de chasser sur les terres écologistes...nous avons le monopole du développement durable M. Mélenchon.
Cette phrase qui me fit réagir, la voici telle que je l'ai partiellement retrouvée sur le web:
"Jean-Luc Mélenchon fait une chose assez intéressante, il fait de la politique avec un rétroviseur (...) la Bastille, la Commune, il y a un petit côté nostalgique sympa, les moments où il y a avait des grands tribuns et puis d'ailleurs il n'y avait pas de femmes, c'était plus pratique." (...)"Si vous pensez à votre première histoire d'amour, en 3e sur la plage... Il y a quelque chose comme ça chez Jean-Luc Mélenchon".Ami lecteur/lectrice, tu commences à me connaître et tu vois peut être déjà où je veux en venir. Oui, certes. Ma conclusion finale risque fort de ressembler à quelque chose comme : Cécile Duflot est une crétine finie. C'est cela même.
Mais amoureux du verbe et de la dialectique que je suis, je ne me refuserai pas le plaisir de parvenir à ce point fatal au moyen d'une franche et implacable démonstration qui, je n'en doute, épatera la galerie, gagnera les cœurs, les esprits et retentira de la force morale du souverain anonyme face à la bêtise consommée des hommes et des femmes politiques.
Passons rapidement sur la pique féministe qui exploite une imagerie de beauf machiste qu'on peut accoler à Mélenchon. Les femmes qui l'entourent au Front de Gauche ou au PCF (qui fut si je ne m'abuse, le premier parti à se doter d'un secrétaire général féminin) apprécieront mais à la rigueur...passons. Là n'est pas l'essentiel. On pourrait lui reprocher de ne pas être arabe ou pédé ou franc-mac...ah si, pardon ça il l'est.
Mélenchon ferait de la politique dans le rétroviseur donc. La mythologie de la Révolution française, l'Histoire, les symboles révolutionnaires, la Bastille, la Commune, tout ça, c'est vieux, c'est du passé, révolu. S'y référer relève d'un archaïsme grossier, d'une nostalgie contestable (car mythique) et sulfureuse, d'un état d'esprit adolescent naïf et utopique qui demanderait à mûrir et à devenir raisonnable, bref, en somme, d'une conception antique de la politique qui nous renverrait à des temps obscurs heureusement finis à jamais. Evoquer la Révolution française ou la geste historique de la gauche reviendrait à se satisfaire d'une galoche maladroite sur fond de Jeux Interdits (tout aussi maladroits) à la Baule-les-pins.
Du coup par opposition, elle, et son mouvement sont les représentants de la Modernité, celle qui ne fait plus cas du passé, de ses leçons et des ses pesanteurs et qui se tourne résolument vers l'avenir. La Gauche moderne quoi. Y'a un mec qui a parlé comme ça un jour, il s'appelait Tony Blair.
Le propos de Duflot n'est pas seulement stupide, il est en plus parfaitement révélateur, outre de l'aigreur de se trouver dans une impasse politique totale après s'être lié pieds et poings au Parti Socialiste, d'une fracture de plus en plus nette du paysage politique français et européen. Et en cela, je pense compléter, d'une certaine façon, les réflexions de notre ami Ataru.
Car enfin, ne sont-ils pas la version tiède de l'idéologie libérale qui ne se vit que dans un présent perpétuel, dans la continuité d'une évolution linéaire vers le mieux et le progrès, au pays merveilleux où l'histoire a pris fin ? Si, parfaitement. Cela traduit du reste ce qu'est devenu ce parti Vert dont Mme Duflot, parfaite inconnue jusqu'alors, a hérité de la direction. Une succursale libertarisante et écolo du Parti Socialiste, un parti structuré par et pour une bourgeoisie et une petite-bourgeoisie libérale mondialisée, ou européanisée, insouciante, gavée de culture soporifique, aveuglée par la croyance niaise en la justesse de ses points de vue "progressistes"et soucieux de l'environnement, coupée des bases populaires de la gauche et des références historiques qui, précisément, fondent les liens étroits autorisant l'union des classes moyennes et des classes populaires. Ces gens là n'ont que faire de l'Histoire puisqu'ils n'ont pas d'attache à entretenir, pas de luttes à mener, leur éthique de vie n'en a pas besoin, soit qu'elle soit individualiste, soit que le pouvoir dont ils occupent les zones frontalières leur convient au fond très bien tel qu'il est. Voilà ce que m'évoque Duflot lorsqu'elle s'exprime ainsi. Comme quoi, d'un filet de fiel pathétique il est possible de tirer de larges conclusions.
Le propos de Duflot est au fond révélateur de la perdition dans laquelle se situe cette gauche-là et dans laquelle les Verts ont fait le choix d'entrer alors que d'autres solutions leur étaient sans doute possibles. Elles avaient cependant sans doute l'inconvénient d'offrir moins de postes, de municipalités et de sièges d'élus en tout genre. Le résultat est à l'image du ridicule score de leur candidate à qui on aurait souhaité un autre destin que le ridicule qui l'attend. Il faut admirer le pathétique de la situation. De ces Verts oublieux ( et qui certes pour des raisons historiques ne furent pas les spécialistes de la référence marxisto-républicaine ), de ce parti socialiste si nul, tellement nul, plat, attendu et convenu, qu'il ne parvient pas à créer de l'enthousiasme et de l'adhésion franche autour de son candidat, drapé dans un pantomime forcé d'homme d'Etat responsable, autrement que par la peur du péril brun et par détestation du sarkozysme honni, tellement il a perdu les réflexes et les références historiques du courant dont pourtant il usurpe l'identité.
Et du reste qu'est-il de plus éloigné que la Commune de ces incultes pontifiants sur une pensée vaine et satisfaite ? De ces aigres calculateurs qui sauront toujours quand il le faudra jouer sur la peur de la plèbe et la mesquinerie du populaire comme ils l'ont fait par le passé, quand il a fallu excuser un vote négatif à un référendum ou condamner des violences urbaines intolérables ? Âmes de veules Versaillais qu'ils sont (à cet instant votre chroniqueur se fait lyrique), ils laisseront les réactionnaires écraser le peuple en soufflant à peine une vague indignation pour mieux prendre leur place quand il ne restera plus rien qu'un champ de ruines des utopies. Ne pas se reconnaître de filiation c'est sans doute pire que d'user de quelque schéma par trop facile car c'est avouer sa résignation et son renoncement ! C'est du reste explicite : les mythes de la gauche c'est la tocade adolescente, comme on espère pour elle qu'elle est passée à autre chose depuis sa première pelle, Cécile Duflot s'est résignée à les abandonner. Puissant syllogisme.
Car attention, je dis incultes, mais Mme Duflot sait les choses de l'Histoire, elle a des lettres, elle a fait des études, elle est au courant du passé. Mais tout cela est neutre, peut être objectif pour elle, tout cela n'a rien à faire, ni à voir avec la politique qui doit selon elle se jouer sur des propositions concrètes et des éléments raisonnables et circonstanciés et pas sur des chimères folkloriques. Affirmer l'opposition de deux attitudes est aussi idiot que de se gargariser à grands coups de mythologie et d'imagerie révolutionnaire comme le font certains autres. Ce qui perce là dessous c'est la reformulation du fameux procès foireux en "populisme" qui n'a pas résisté bien longtemps à une analyse sémantique et historique un peu poussée et qui a surtout révélé les impensés démocratiques des soi-disant démocrates. Mais ce qu'elle oublie ce faisant c'est que la question du choix politique ne peut se résumer à la somme des choix rationnels d'individus mesurés et bien informés mais qu'il est affaire de sens et de projet collectif et donc de référence à un passé commun, qui, s'il est bien organisé, a un pouvoir évocateur très large quoi qu'on pense de la validité et de la pertinence de ces mythes. Le "vivre ensemble " débute là. Pour le reste, on peut causer. Pauvre bouffonne.
A titre personnel, je n'ai que méfiance pour les transfuges du PS ou les vieux ressorts staliniens et bureaucrates du PCF, je me méfie fort de leurs tribulations électoralistes, mais ils ont au moins la franchise du verbe et la profondeur des mythes agissants. Populisme ? Oui. Et alors ? Vous préférez les technocrates ?
La presse, devenue tout à coup curieuse et pleine de sollicitudes, comme un essaim d'abeilles sur un bouquet de lavande se rue et ne tarit plus d'éloge sur la "profonde dynamique" qui porterait le candidat Mélenchon. Et de décliner les facteurs explicatifs de son succès.
Mais à tout bien réfléchir. Ce succès ne serait-il pas plutôt dû au boulevard que Mélenchon et le Front de Gauche ont libre à gauche devant eux, et ont eu la lucidité d'entreprendre sans doute, quand la pseudo-gauche se cantonne sur les trottoirs encombrés des atermoiements, des hésitations coupables, des fulgurances masquant des vides conceptuels, des précautionneuses nuances, des oui-mais, des prudences, des leçons de "réalisme" et des appels à la raison écologique. N'est-ce pas aussi la nullité des uns qui participe du succès des autres ? N'est ce pas le vide béant laissé par le Parti Socialiste, autrefois lui aussi friand de ces envolées et références historiques qui font, en partie, le succès du Front de Gauche ? N'est ce pas le pathétique de la social-démocratie européenne, gestionnaire et résignée qui s'affirme là, manifestant, voire revendiquant son impuissance mais persévérant dans son être, à l'image de la mouche bleue contre la vitre fermée telle que j'en avais une tout à l'heure chez moi (et que j'eus pourtant peine à écraser comme une merde) ? Duflot nous rejoue une pièce déjà donnée cent fois, mille fois...à peine l'entend-on tellement son propos qui se voudrait novateur n'est pas audible, pour des raisons qu'elle se refusera, au moins publiquement, à entendre. Mais peut être est-ce plus grave et a-t-on devant nous le spectacle d'une inaptitude intellectuelle totale à penser et analyser une situation politique donnée autrement qu'au prisme d'une grammaire politique obsolète.
Il n'est alors même pas utile d'encourager cette "gauche" à prendre exemple sur les ficelles et poulies, pour certaines forts grossières peut être, utilisées par Mélenchon et sa bande, sorte de pot-pourri efficace des mythes et idées de la gauche du XXe siècle (mais la gauche a-t-elle jamais fonctionné autrement qu'ainsi ?). Ils en sont désormais incapables car intellectuellement, philosophiquement trop éloignés. Le fossé s'est mué en océan d'incompréhension et c'est peut être tant mieux.
Cécile Duflot est une crétine, certes mais n'est-elle pas condamnée à le demeurer ? Vaut-elle la peine qu'on fasse encore attention à elle ? Passons à autre chose je vous prie.
17 commentaires:
Bah on peut au moins lui reprocher de folkloriser al gauche. Les appels qu'il fait sont des balles à blanc. Insurrection civique... C'est pas canoniquement un oxymoron mais ça s'en rapproche assez. Pourquoi en appeler au mythe insurrectionnel si c'est aps pour le rendre actif... Bastille, pourquoi en appeler au mythe révolutionnaire si c'est pas pour le rendre actuel? Mélenchon est entouré de bons communicants, les mêmes qui ont dû faire les pubs pour la Citroën DS3... Peu ou prou. Faut être plus sérieux! Mélenchon...
Il parle d'insurrection citoyenne ou de révolution citoyenne parce que parler de révolution tout court, comme certains c'est juste idiot. Pourquoi ? Parce que je te réponds: où sont les armes ? où sont les milices ? où est l'entrainement nécessaire ? où en est le travail de sape de la police, de l'armée ? où en est la presse ? etc.
Il parle de ce qu'à la rigueur il peut assumer, c'est tout.
Tu crois vraiment que c'est faute d'armes qu'il en appelle pas à la Révolution?
Révolution Française... Où étaient les milices, où étaient les armes etc?
La Commune? Idem. Donc non... Il fait de la com' et pis c'est tout. Et les rassemblements sont une des flèches de cette communication, l'exploitation de slogans chocs et de références chocs en est une autre. Il est le bruit et la fureur, tu verras que tout ça se terminera par un much ado about nothing.
Bon, permets moi de te dire qu'historiquement tu dis un peu n'importe quoi.
La révolution française on parle d'une toute autre époque où les mouvements de foule et la violence qui pouvait en découler n'avaient strictement rien à voir avec la société actuelle. Les armes c'étaient celle du peuple qui ne voyait aucun inconvénient à s'en servir si besoin: la pique, le gourdin, le fusil qu'on pique au soldat, les armes qu'on prend...à la Bastille car c'est le but au départ.
Cette tradition du peuple remuant est encore assez vivace en 1871. Et précisément pour la Commune le peuple est armé parce que le gouvernement d'union nationale lui a donné des armes: les fédérés au départ ce sont les régiments que l'on forme d'urgence pour s'opposer aux Prussiens et qui se retournent ensuite contre le gouvernement de Versailles qui veut les priver de ses canons, de ses armes, bref de ce qui fait sa force. La question de la force armée du peuple est précisément ce qui est au départ, au coeur de la Commune. L'insurrection commence quand la troupe qui vient enlever les canons de la butte Montmartre payés par les souscriptions des parisiens fraternise avec la foule.
Le contexte révolutionnaire est souvent un contexte de guerre. VOire 1792 et la proclamation de la république ou 1917...
Rien de comparable avec nos époques d'individualisme forcené, de pacification générale des rapports sociaux et de "démilitarisation" accrue de la population.
Ensuite tu es quand même de mauvaise foi car tu sais bien qu'une référence historique n'est jamais véritablement littérale mais symbolique. Il s'agit d'une mémoire de lutte plus que d'un appel à rejouer l'histoire telle qu'elle a pu se faire, ce qui crée, éventuellement, mais il ne s'agit pas de la condition suffisante, la possibilité qu'un changement radical et l'évocation d'un passé glorieux qui crée du lien collectif; c'est la seule fonction de la mythologie historique. Appelle ça de la com' si tu veux, mais à partir de là tout est communication, discours d'entubage et on croit plus en rien. Peut être, c'est une possibilité qu'on se fasse entuber profond comme souvent avec les politiciens de gauche...est-ce pourtant une raison de pas y croire quand quelque chose crée à ce point une dynamique collective ?
D'ailleurs je pense que ton problème fondamental est là. Mais je ne vais pas me lancer dans une analyse de ton cas personnel car je rentrerais dans des considérations hasardeuses et malvenues.
Là où il est honnête c'est qu'il dit clairement qu'il souhaite passer par la voie légaliste des élections, il ne trompe pas sur la marchandise. La forme te déplait mais il se trouve que c'est aussi ça qui marche. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de fond. Du fond, il y en a.
Ahahahaha, je me demandais ce que tu fichais mais en lisant la longueur de la réponse je comprends mieux...
Tu ne me démontres en quoi je dis n'importe quoi historiquement. L'insurrection ne se fait pas parce qu'on est prêts, entraînés et armés... A part 1917, même si la préparation n'était pas aussi professionnelle qu'on l'a fait croire ensuite... Donc bon...
Ensuite, je ne suis pas contre les mouvements collectifs, je suis contre le charisme bon marché et la forme que prend ce mouvement-là. Oui, je fais la fine bouche et oui je suis exigent parce que le peuple mérite qu'on le respecte et qu'on ne l'attire pas par le clinquant d'un discours, et par le son et lumières d'une mise en scène huilée... je préfère,en matière politique, la froideur calviniste et nordique d'eva Joly aux appels bariolés et tonitruants d'un péroniste aux petits pieds... Les référence de Mélenchon sont plus à chercher dans les traditions populistes d'Amérique du Sud que dans la tradition communiste ou socialiste européenne...
Je crois que tu exagères largement sur le truc de la mise en scène. C'est aussi parce que tu en as une perception trop médiatique dirais-je perfidement. Le discours de Mélenchon passe justement pour être un des moins flatte-cons de la campagne, il y a du contenu et il y a une forme de respect de son auditorat, tu peux la trouver contrefaite mais il se trouve uqe ça marche. Je dis pas que les gens sont des cons, je dis que les gens ont besoin de ça, surtout dans un contexte. Le discours des Verts à mon avis peut passer dans un cadre plus apaisé des rapports sociaux.
Quant à la référence latino-américaine, elle est évidente oui.
Sur la question de la comparaison historique, pour moi elle n'est toujorus pas valable. Précisément la culture de la foule tumultueuse est une préparation à la violence que peut exiger une révolution. Le cadre d'une guerre où une forme de "brutalisation" intervient aussi. Je ne dis pas qu'il faut être prêt d'un point de vue fonctionnel, je parle de contextualisation du recours à la forme armée que permettent des attitudes mentales. Et nous, nous en sommes loin.
"C'est aussi parce que tu en as une perception trop médiatique dirais-je perfidement." Je ne te demanderai pas la supériorité précise que tu as en la matière. :-p
Sur la préparation, tout ça, je crois justement qu'on est plus prêts ou près que jamais... et que c'est juste le regard rétrospectif qui te fait croire qu'ils étaient plus prêts aux différentes époques où ça a eu lieu. On a eu d’authentiques révolutions sous les yeux... Bien malin qui pouvait les prédire et elles se sont faites sans armes et juste par la force insurrectionnelle... mais une insurrection authentique... Tu me diras que ces pays-là étaient archaïques et arriérés et que ça explique que ça ait été si facile. Je dis que tu surestimes la force des institutions et sous-estime le peuple en bon Mélenchoniste que tues (ceci est dit sans perfidie aucune).
Oui pour les exemples arabes, mais on avait affaire à d'authentiques dictatures ce qui permet de mieux cristalliser la contestation et surtout autorise l'union de différents niveaux sociaux de la société. Ensuite, les Egyptiens sont globalement en train de se faire enfler précisément parce que l'armée d'accord pour foutre en l'air Moubarak tient pas à ce que la plèbe gueule trop quand même. D'où l'intérêt de la force armée quand même.
Je surestime peut être les institutions mais force est de constater qu'en France elles sont sacrément solides...quant à la révolution si j'en veux une c'est pas à Mélenchon que je vais m'adresser vu qu'il agit dans un cadre électoral. Je confonds pas tout, c'est toi qui recherches un discours révolutionnaire dans une campagne électorale présidentielle!
Quand même, Manu!!!
Là c'est toi qui est naïf en supposant une différence essentielle entre démocratie et dictature... Les démocraties sont solides tant qu'elles s'accompagnent de croissance. Basta!
Et les institutions semblent éternelles jusqu'au jour où elles tombent. Et ça peut être très rapide. Putain, je dois dire ça à un historien? Un millénaire d'ancien régime. Un demi millénaire de Pax romana. C'est quand même autre chose que les 70 misérables années qui nous séparent de la fin de la deuxième guerre mondiale!
Écarter la possibilité d'une révolution en Europe, c'est nous croire fondamentalement différents des autres sociétés dans l'histoire, ça reste de l'ethnocentrisme positiviste.
Si Mélenchon ne parle pas de vraie révolution, c'est pas parce qu'elle est impensable, c'est parce qu'il n'en veut pas, il reste social-démocrate, mais un vrai quoi, pas le truc décafféiné post chute du mur.
Aaaaaah voilà!!! Je savais les faux procès! Le bougnat est un perfide qui insufflé le venin au coeur même du débat!
Alors bien évidemment que je souscris à la possibilité évidente d'une révolution. J'émets juste des doutes quant à la capacité d'organisation des forces qui se réclament actuellement de la révolution, mais effectivement ce n'est peut être pas par elle que cela viendra. Par ailleurs je relativise largement le parallèle que l'on peut établir entre la situation actuelle et celle de 1789 et de 1871, pas en terme de "possibilités" mais en terme de changements des cadres sociaux et culturels. JE peux me tromper ceci dit. Je n'écarte rien du tout, je ne dis pas que c'est impossible, je dis que je suis un peu sceptique sur sa possibilité ici et maintenant mais après tout pourquoi pas. Il n'y a pas de recettes à une révolution mais il y a des contingences, en France ces contingences sont-elles là ? On pourrait en débattre pendant des heures et la réponse serait forcément nuancé.
Quant à Mélenchon je suis d'accord avec toi Ataru, c'est ce que je dis depuis le départ, mais Le bougnat fait un peu un faux procès...je n'ai jamais pris Mélenchon pour un révolutionnaire et sa rhétorique de l'insurrection citoyenne me semble explicite contrairement à ce que Le bougnat dit.
Je dirais enfin que si une révolution éclatait le FDG serait sans doute balayé d'un coup à moins que le PC ait gardé des réflexes insurrectionnels et organisationnels reptiliens...
Sinon j'entends parfaitement la critique sur la folklorisation de la gauche dont il serait le porteur. C'est recevable d'une certaine façon sauf à considérer qu'il n'y a pas de fond dans son programme, ce qui n'est pas le cas.
D'autre part je considère que cet appel, qu'on peut juger folklorique bien que pour moi il ne l'est pas, aux mythes de la gauche est nécessaire et utile, la preuve en est que ça parle aux gens et que ça fonctionne. D'un seul point de vue électoral (et on parle bien d'une élection là, pas de la préparation d'une insurrection), je trouve ça intéressant, en tout cas ça change des discours plats et vides de la gauche. Les mythes servent à créer un sens collectif, je ne parle pas d'histoire, je parle d'identité et de mémoire. Pour moi c'est essentiel.
Mélenchon effectivement a le grand mérite de raviver une authentique social-démocratie comme le dit Ataru, moi je trouve ça positif et je trouve intéressant de voter pour, c'est tout.
Roooooh mais pfffff.....
Ce con de rageux avait juste besoin de m'être un point final sur son adolescence et ses convictions écologistes d'antan...
Et pis sinon, rien à battre, elle est trop bonne Duflot <3
Pourquoi pourrait-on attaquer la droite ou les socialos pour leurs mots d'ordre creux et pas Méluche. Je disais juste que l'utilisation du mot insurrection ou révolution ou le fait de faire le rassemblement à Bastille était plus ou moins une usurpation... Si ce qu'il veut faire n'est pas une insurrection... Ben qu'il n'utilise pas ce terme... Et le parallèle entre 1789 et 1871 c'est pas moi qui la fais c'est bien Méluche... Et je ne fais aucun mauvais procès... tu me lis juste mal... Relis, tout est noir sur blanc et mes interventions et les donc plus possible de me faire le coup de la mauvaise foi ou du faux-procès...
Mais je dis que les références sont pas littérales mais symboliques...c'est l'esprit plus que la lettre...je sais pas comment te le dire.
Quelle usurpation ? La mémoire de la bastille ou de la commune n'appartiennent à personne en particulier. Ou plutôt à ceux qui en parlent (ce qui peut effectivement conduire à des conflits mémoriels). Peut être joue-t-il sur une ambiguïté révolution/insurrection/élection...il se trouve que c'est quand même fédérateur que tu le veuilles ou non. Tu peux trouver que ça pue. N'empêche. 10 000 personnes à Lyon et Montpellier, 100 000 à Paris, 23 000 hier soir à Lille (23 000 pour un meeting politique! c'est ahurissant!) . Tous ces gens là (à supposer qu'ils votent tous pour lui ce qui n'est pas forcément le cas) se trompent, sont trompés, bernés ? QUi leur montrera la vraie vérité?
Moi je dis qu'un truc qui est à ce point là fédérateur traduit deux choses:
- un véritable besoin d'un discours offensif de gauche
- la nouveauté de ce qu'il amène (ce qui ne veut pas dire que ce qu'il porte et dit est sans ambiguïté, y compris dans des références)
On part quand même de très loin à gauche de la gauche. Il faut voir ça aussi.
On peut trouver ça inquiétant, se dire que ce mec berne tout le monde, que c'est un faux cul ou je ne sais quoi mais y'a un moment où ce qui compte c'est plus les effets que le personnage et ses dires.
23 000 personnes à Lille pour Mélenchon, dans le même temps 2000 pour Hollande dans la même région! C'est pas fou ça quand même ?
Et d'ailleurs dans la presse du jour, ce sont les échos du PS qui tremble...
Ils sont emmerdés et c'est tant mieux. Après ils comprendront pas pour autant.
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