Premier mai tranquiloux (petite pointe inavouable de déception) à Barcelone. Grosse manif syndicale le matin, la plus grosse
depuis des siècles, à laquelle je n'ai évidemment pas participé, hors de
question de cautionner les actions politiques organisées les matins de jours
fériés. Déjà que mon décuvage de cuite a été désagréablement interrompu par le
bruit des hélicos patrouillant, bruit qui commence à devenir oh combien
familier...
Manif alternative anticapitaliste le soir, indignés, anarchistes tout ça,
qui a quand même réussi à réunir plusieurs dizaine de milliers de personnes,
malgré l'absence de support institutionnel et un tract indigeste qui semblait
sorti d'un triste bureau de Lutte Ouvrière plus que d'un mouvement qui s'était
justement singularisé par une com très dynamique et originale.
Pas de débordements, avec un dispositif policier écrasant, dont une petite
centaine déguisés en casseurs, brassard de police au bras avant de se mêler à
la foule.
Rien, donc, digne d'être signalé du côté des mouvements de foule. Le détail
croustillant de la journée était plutôt dans la révolte des usagers
d'autoroutes en Catalogne, qui ont profité d'une journée sensible niveau
circulation (retour d'un long week end) pour foutre le bordel dans les
autoroutes. En gros, deux protestations se superposent. La première est
nationaliste. La Catalogne est l'une des rares communautés autonomes à avoir
des autoroutes payantes (et très chères), les autres ayant été financées par
vous, gentils européens. Du coup, c'est à qui tire le plus fort sur les
méchants espagnols qui nous pompent notre fric pour pouvoir rouler gratos! Mais
évidemment ce n'est pas si simple. Ce n'est pas les espagnols qui nous pompent
le fric mais Abertis, une des plus grosses entreprises catalanes (assez grosse
pour gérer 50% des autoroutes françaises), intimement liée à La Caixa et à la
Droite nationaliste catalane, qui leur avait confié la gestion des autoroutes
dès leur arrivée au pouvoir en 79, autoroutes très employées et donc largement
amorties depuis.
Bref, peu importe les raisons, le fait est qu'on a découvert qu'on peut
légalement refuser de payer un péage et exiger qu'on lève la barrière. Avec les
bouchons de circulation que ce genre d'action peut entraîner. Et comme
l'Espagne est dans une situation de perte de confiance totale dans l'Etat de
Droit (si les puissants nous volent, pourquoi on va se priver nous??), les gens
se sont naturellement engouffrés, coordonnés et conseillés sur le plan légal
sur internet. En quelques jours le hashtag #novullpagar est devenu
Trending Topic sur Twitter, Abertis a perdu 15 % en bourse, ils ont commencé a
passer des coups de fil, le gouvernement catalan est passé de la
"compréhension face à la revolte" aux menaces de poursuites, le
hashtag a été censuré sur Twitter Espagne, mais il est devenu Trending topic
mondial (bein fait pour eux!), et aujourd'hui Abertis admettait 3000
incidences, probablement bien plus en réalité, tout ça avec un quasi silence
exemplaire de la presse larbine.
Pendant ce temps, à Madrid, pour protester contre la montée des tarifs dans
les transports en commun, toutes les semaines des activistes s'organisent pour
tirer simultanément sur l'arrêt d'urgence dans plusieurs rames de métro.
Ah, la beauté du chaos...
1 commentaire:
Les forces de la police pendant la manifestation (je les ai vu, ils descendaient vraiment comme ça des camions) :
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