Même s'agissant de Sarkozy, on ne doit pas déroger à la coutume: ,quand un président s'en va on doit dresser son bilan; dire le positif et le négatif. Pour le négatif, d'autres s'en sont chargé. Pour ce qui est du positif, on ne lui a pas rendu suffisamment hommage. Il faut donc réparer cet oubli.
"Merci Nicolas", tout un chacun aurait dû le prononcer à un moment ou à un autre. Pas seulement ceux qui en ont croqué (et je ne parle pas que du pouvoir) mais aussi tous les autres, hommes publics comme clampins privés.
- Le Parti Socialiste. Sans Sarkozy, ils auraient pu courir longtemps avant de revenir au pouvoir. On n'a que trop insisté sur le fait que le vote Hollande était en grande partie un rejet Sarkozy mais on n'a pas assez analysé l'effet "vote utile" qui a fonctionné à fond au premier tour et qui a littéralement laminé les partenaires habituels du P.S comme les Verts ou qui a freiné la progression, qui s'annonçait inéluctable, d'un J.L. Mélenchon ou qui a encore mis à mal le vote d'extrême gauche qui était devenu une belle tradition française jamais démentie lors des précédentes présidentielles. Au delà de ce phénomène, le programme, sommes toutes, très centriste et très mou de François Hollande ressemble pour certains à une utopie gauchisante et pour d'autres à un programme de gauche acceptable. Même ceux qui pouvaient penser, légitimement, qu'il n'y avait aucune différence entre le PS et l'UMP en sont revenus. Et François Hollande peut se faire passer, à peu de frais, pour le Ché.
- Le FN. Passer en cinq ans de la marge au centre, il faut le faire; Au delà de son score électoral, c'est la propagation de ses idées et leur essaimage que Marine doit à Sarkozy. Le temps des moissons n'est pas encore venu mais elle peut d'ores et déjà dire merci à Sarkozy.
- Les syndicats. Je suis incapable de le quantifier, mais je suis certain que les syndicats et tous les corps intermédiaires lui doivent aussi beaucoup. Nicolas Sarkozy a hystérisé toutes les questions. Tout ce qu'il touchait devenait sensible et poussait les gens, même les moins revendicatifs, à se dresser et à s'opposer à lui. Pensez, que le SNALC a appelé à manifester contre le décret concernant la modification des modalités de notation des enseignants, imaginez que l'enseignement privé a soutenue des mouvements de grève protestant contre la suppression des postes etc. Si le syndicalisme n'est pas arrivé à prendre des couleurs sous l'ère Sarko c'est qu'il n'en reprendra jamais et les leaders syndicaux ne devront s'en prendre qu'à eux-mêmes.
- Angela Merkel. Même si c'est un peu caricatural, on ne m'enlèvera pas de l'idée que c'était un peu le toutou à sa mémère. La complicité n'a été affichée que lorsque Nicolas a rendu les armes et s'est aligné sur la ligne allemande. On a vite oublié les débuts calamiteux entre ces deux personnages. Angela n'aimait pas le style trop berlusconnien de Sarkozy et lui faisait largement la gueule à cause de ses familiarités et de ses rodomontades des débuts. mais dès qu'il a appris à devenir sage et à arrêter de lui mâchouiller les escarpins, ils sont devenus amis. sans lui que va devenir le couple franco-allemand?
- BHL. Plus personne ne le prenait plus au sérieux, hormis sa bien aimée et voilà-t-y pas que Sarkozy déclenche une guerre (rien de moins) sur les conseils avisés de notre intrépide philosophe (en tout cas c'est ce qu'il raconte et ce qui, du coup se raconte). Je ne sais pas si sa côte de crédibilité est remontée mais en tout cas sa côte de nocivité et de nuisance à coup sûr, oui.
- Les opportunistes. Quel grand moment que l'ouverture à gauche. Qu'est-ce qu'on dit Eric, Rama (oui elle a hésité à être de gauche), Bernard (qu'on a vite oublié), Martin, Fadela, Jean-Marie (Bockel, pas l'autre) et même Jack, Michel, Claude, Jacques (ils ont eu les miettes et en espéraient surement davantage)? On dit: "Merci Nicolas".
- Les humoristes. Même Gérald Dahan est devenu subversif et presque drôle. Pire, Anne Roumanoff s'est mise à imiter Guy Bedos. Et je ne parle pas du martyr des martyrs, de celui qui a été contraint à l'exil (de France Inter) par le pouvoir en place et qui depuis sa terre d'exil ensauvagée a écrit ses Tristia et ses Epistulae ex Ponto.
- Les journalistes. Ils ont vite compris comment tirer le plus de profit de sa présence et sont passés en quelques jours de la flatterie la plus veule et la plus crasse à l'acharnement le plus spectaculaire. On peut citer des journaux en particulier mais la curée a été générale. Même des larbins comme Frantz-Olivier Gisbert se sont senti naître une verve satirique. Tous les médias ont été pris de la folie Sarko et, il faut le reconnaître, les débats étaient spectaculaires, même si on se lasse vite, y compris des bonnes choses.
- Les linguistes et les professeurs de Français. Tout à coup, la fameuse ritournelle "le niveau baisse" avait une réalité, mieux, un corps, une voix et un visage. Du coup, pour ne pas finir comme Sarkozy en dépeceur de la langue et en écorcheur de la syntaxe, beaucoup se sont replongés dans leur grammaire pour tenter de garder une certaine dignité linguistique.
- Les marchands de luxe. C'est bien connu, toute l'industrie fout le camp, à l'exception de l'industrie du luxe. Rolex et autres marques doivent dire merci à Sarko, non seulement, parce qu'il en a fait la promotion mais aussi parce qu'il a permis aux riches de s'enrichir et de pouvoir consommer et de se vautrer dans plus de luxe.
- Moi. Je sais qu'on n'a pas le cul sorti des ronces mais je ne peux m'empêcher de me sentir plus léger. C'est pas très rationnel pas, très intelligent mais le soir de l'élection, j'étais limite joyeux, ce qui chez moi n'est pas très habituel. Je n'irais pas jusqu'à parler d'euphorie mais j'étais au moins aussi soulagé qu'un gangréneux qu'on vient d'amputer et à qui on annoncerait qu'on lui a sauvé sa deuxième jambe. Donc, pour ma jambe sauve, merci Nicolas.
- Et moi. Si avant son règne je pouvais encore prendre quelque ombrage de remarques narquoises sur mes 161cm de haut, depuis 2007 je mesure à quel point tout est relatif. Et c'est ainsi que je ne me refuse plus la moindre excentricité pour me faire remarquer. L'important, ce n'est pas la rose, non, c'est l'agitation. Et de l'agitation, il y en avait dans mon coeur le 06 mai dernier. Après tout, pourquoi ne pas se permettre d’espérer? Et puis, ce qu'il y a de commode avec le néant, c'est que l'on peut toujours raisonnablement attendre un "mieux", un "plus". Alors, finalement, que l'on soit cette personne pas vraiment grande qui cherchera à se placer à côté d'un plus petit qu'elle sur la photo, que l'on soit François, qui, de facto, a un bien beau rôle en arrivant après Nicolas, le principe, c'est toujours le même: la re-la-ti-vi-té!
La liste n'est bien sûr pas exhaustive et peut être complétée à l'envi mais j'espère que je vous ai convaincus... Il faut rendre à César ce qui lui appartient.
10 commentaires:
C'est de qui ce texte? ;)
Tout dépend... Tu aimes ou pas?
J'adore :)
C'est du bougnat 100 % ^^
Par contre, vous pouvez tous compléter. C'était pour impulser un jeu mais personne n'a envie de jouer. :-(
Je veux bien jouer moi, j'adore ça.
Go go go. Va mêler ta prose à al mienne. Plus on sera nombreux, mieux ce sera.
Tu as dit à peu près tout. Si j'attaque, ce sera sur le physique et on n'est pas comme ça ici. Gorets, oui, mais gorets corrects.
C'est vrai on est des gorrects. D'ailleurs l'attaquer sur le physique ne fait-il aps le jeu du F.N? (C'est un argument qui marche d’habitude et je l'utilise; mais sans conviction aucune)
Écoute pour le moment je me suis contentée de faire ton jeu.
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