mercredi 22 février 2012

Europe: your rope

Même les Europtimistes les plus fanatiques n'arrivent plus à trouver l'allant nécessaire pour chanter, sur le mode ionien, les bienfaits de l'Europe. Si jusqu'à présent l'Europe représentait un espoir et un pôle d'attraction pour de nombreux pays, aujourd'hui c'est tout le contraire. L'élargissement, seul horizon de la construction européenne, qui ne semblait plus avoir de fin vient de trouver sa limite naturelle... le manque de candidats. Même les pays qui ont le plus bénéficié de l'Europe et de l'aide au développement la rejettent, ce qui est le signe (s'il en fallait un supplémentaire) que la défiance est profonde. Ce mouvement s'est opéré bien avant la crise, qui n'est qu'un accélérateur des phénomènes. En France et dans d'autres pays le referendum sur le Traité Constitutionnel a montré au plus grand nombre que l'Europe se faisait sans le peuple et malgré le peuple: première prise de conscience cuisante du déni de démocratie et de la confiscation de souveraineté. Mais qu'a-t-on fait pour en arriver là?

Au départ les buts étaient nobles et personne ne pouvait aller contre: fraternité, paix, démocratie, prospérité, protection, justice sociale... Horizons consensuels et qui sont sans cesse mis en avant, y compris dans le préambule du fameux TCE. Les eurosceptiques (oui, on a réduit le débat à optimistes vs sceptiques c'est-à-dire à une histoire de foi ou de croyance dans le Veau d'Or européen) étaient acculés et devaient se défendre d'être contre la paix, la liberté et les bébés phoques et ce faisant ne pouvaient parler des véritables dérives de ce Léviathan. Aujourd'hui (doit-on s'en réjouir), on peut répondre même à ce type d'arguments faciles parce que l'Europe est clairement à l'opposé des objectifs qu'elle affiche.


  1. Fraternité: Allez dire aux Grecs s'ils sont frères des Allemands. C'est une manière un peu abrupte de présenter la chose mais c'est la triste réalité. On voit resurgir les démons de la Seconde Guerre Mondiale. On voit grandir un peu partout la germanophobie. On voit dénoncer l'hégémonie allemande et l'avènement des rêves du IIIe Reich. Au-delà de la question allemande, le sursaut nationaliste est la donnée la plus évidente sur le continent européen. Quoi? L'Europe n'est pas la cause? Je ne suis pas spécialiste mais on peut au moins dire une chose c'est que l'objectif fraternité n'est pas atteint et que les Européens ne se sentent pas Européens.
  2. Paix: Elle découle du point précédent. Si la fraternité n'est pas effective, la paix ne saurait l'être très longtemps. La montée en puissance des nationalismes, le ressentiment et le sentiment d'humiliation ont toujours produit les mêmes effets. Et la paix ne doit pas s'entendre seulement au niveau international: voyez ces pays en guerre civile ou sur le point d'y entrer. Oui, je sais c'est la faute à la crise et pas à l'Europe... Mais le but paix, est loin d'être acquis et l'Europe montre au mieux son impuissance.
  3. Démocratie:  On n'a pas besoin de s'y attarder, si? Refus de souveraineté, imposition de gouvernements non élus, imposition de politiques en désaccord avec la volonté populaire... La violence, le mépris et le cynisme en prime. Là c'est directement l'Europe, sans contestation possible. Vae Victis et surtout malheur au plus faible.
  4. Prospérité: Pendant quelques décennies certains pays y ont cru et la déconvenue est à la mesure des espoirs. Le modèle économique suggéré et imposé par l'Europe est directement responsable du fait que la crise frappe avec autant de virulence tous les pays européens en même temps. Les pays sont ruinés et on leur propose de s'endetter davantage et on leur impose d'honorer une dette dont ils ne sont qu'en partie responsables. Sans parler de la zone Euro proprement dite qui a vu la lyche allemande tirer les marrons que d'autres avaient placé dans l'âtre. Notre voisin ne participe pas à notre prospérité; il est notre concurrent. Mais on ne peut pas se défendre, cela nuirait à la prospérité globale. Pauvreté locale, prospérité globale. On dirait du Leibnitz dans le texte, la Providence pourvoit au reste.
  5. Protection: Ouverture des frontières à tous vents. Libéralisation de tous les secteurs sans discrimination. Marchandisation totale. Protection pour qui?
  6. Justice sociale: Vous vous souvenez? Convergence, harmonisation. On y est enfin. Oui mais ce qu'on a omis de dire c'est que c'est vers le moins disant social. Hier le modèle irlandais, aujourd'hui allemand. Dumping économique, dumping social.Le résultat, vous le connaissez.

Constat sévère. Mais ce n'est pas la faute de l'Europe c'est parce qu'il n'y a pas assez d’Europe. Ce refrain vous dit quelque chose? Oui, le communisme en ex URSS, le libéralisme aujourd'hui. Si ça ne marche pas ce n'est pas parce que ça ne marche pas c'est parce qu'on est pas allé assez loin. Qu'à cela ne tienne. Les amants de la complexité n'aiment pas la demi-mesure.


 MES les socialistes s'abstiennent. C'est l'acte suicidaire le plus spectaculaire de cette campagne présidentielle. Comment faire croire ensuite qu'il y a une différence entre PS et UMP. Comme le dirait Marine Le Pen: "Le peuple appréciera."  Hollande? Une corde?

7 commentaires:

Le nihiliste a dit…

Roooh ça y est tu m'as foutu le cafard...
Sinon, à mon humble avis, l'Europe c'est comme la démocratie... une idée à la con de hippie trop défoncé.
Vivement une bonne guerre qu'on se remette le slip en place

Anonyme a dit…

Arf, le pire c'est que t'es à peine second degré. Je sais que tu te prépares en secret... Mais je sais où tu fais tes stages: http://www.defense.gouv.fr/sante/nous-rejoindre/stagiaires/preparation-militaire-decouverte

Anonyme a dit…

L'Europe est victime des groupes de pression et les Etats se comportent comme des groupes de pression. La seule solution c'est le fédéralisme. Vous avez l'air de trouver cela drôle mais c'est vrai qu'il faut plus d'Europe. En l'état ce n'est pas tenable. Soit nous accepton de franchir un pas supplémetaire ou plutôt un saut qualitatif soit l'Europe mourra. Les seuls gagnants de ce cataclysme seront les autres grandes puissances. Les peuples européens auront tué définitivement l'utopie d'une Europe unie et forte face aux autres grands Empires.

Ataru a dit…

Allez parler de protection aux grecs... Au début de la crise grecque, on présentait leur sortie de l'Euro comme un apocalypse pour eux, ça serait comme l'Argentine en 2000 et quelques, comme le mexique au milieu des années 80, groooosse dévaluation de la monnaie, autour de 50 %, des gens qui se retrouveraient avec la moitié de leurs économies envolées. Bah ils y sont presque les grecs, désormais, à une perte de 50 % de leur pouvoir d'achat. J'espère que quand l'Espagne ira vraiment mal, nous sortirons vite fait de l'euro. Je préfère perdre du jour au lendemain la moitié de mes biens, et recommencer à remonter la pente, reprendre le contrôle de l'économie, comme en 93, que cette lente agonie grecque, et tout pour contenter les créanciers allemands (et français). J'ai voté oui au référendum sur l'Europe. Je regrette presque autant que mon vote pour Zapatero en 2008.

Et en parlant de socialistes... Le Pasok grec est à 8 % dans les sondages. Derrière les communistes (12%) la gauche radicale (12 %) et une autre formation de gauche non gouvernementale 18 %.
En Espagne aussi, les socialistes vont lentement mais sûrement vers leur mort, la seule chose qui les a sauvé, pour l'instant, c'est d'être partis enfin du gouvernement. Je pense que les conclusions à en tirer sont évidentes...

Anonyme a dit…

@anonyme

Les Français et les partis politiques français ont l'arrogance de croire qu'ils pèsent beaucoup plus que les autres sur la scène européenne et qu'on ne les traitera jamais comme de vulgaires grecs. Les Français ont aussi cette nostalgie de la puissance française. Ne peuvent-ils pas faire le deuil de l'Empire français? Parce que c'est de ça dont il s'agit. Dans les Empires, les régions périphériques sont siphonnées pour le bien-être de la capitale... Je préfère un petit pays prospère à côté de grands Empires qu'un pays laminé intégré à un Empire prospère. Je ne suis pas nationaliste mais je pense que la prospérité peut se construire dans le local... Le salut n'est pas dans le biggest... Donc je n'ai plus peur de dire: mort à l'Europe.

@ataru
L'Espagne comme la Grèce est attachée au piquet de l'Euro et le peuple n'y peut plus rien. C'est ça qui est affolant. Quand bien même ils le voudraient, ils ne le pourraient pas. Je crois qu'on a pas encore prévu les processus de sortie. C'est un avion de chasse sans siège éjectable.
La Grèce comme l'Espagne avaient la dévaluation facile et c'était un remède super adapté à leur économie mais là c'est pas possible parce que ça nuirait à... l'Allemagne. Hum...
Pour les socialistes, je crois qu'ils sont atteints du complexe de la responsabilité. Ils courent toujours après la droite, la devançant bien souvent, pour montrer à quel point ils sont compétents et responsables. sauf qu'en faisant ça ils en oublient leur socialisme et devancent les désirs du Marché... Je n'ai pas peur de le dire: A mort les PS...

Ataru a dit…

e moi je n'ai plus peur de le dire : À mort l'Allemagne et son putain de contrôle de l'inflation.

Anonyme a dit…

Tu te sens encore obligé de rajouter "et son putain de contrôle de l'inflation", tout n'est pas encore perdu. :-)