mercredi 7 mars 2012

Les murs gagnent toujours

Oui voilà, ça y est, ça me reprend. Même toi tu te dis "ça y est, ça la reprend", d'ailleurs. Les murs, moi ça me travaille. Il y a de la déformation professionnelle là dessous bien sûr, je ne peux le nier.
Et ce n'est pas cette campagne électorale qui me détournera de mes hobbies habituels. Je sais pas vous mais moi, personnellement, je suis nihiliste. D'abord parce que je suis une fan du Big Lebowski, certes, mais parce que le néant politique qui règne depuis un certain temps (ça se compte en années me semble-t-il) ne peut que me renvoyer à ça. Bref, je m’intéresse davantage aux petites histoires, aux mini, micro, macro-échelles et j'en apprends plus qu'en écoutant nos présidentiables. L'infini petit en dit encore et toujours tant sur l'infiniment grand.
Et s'il y a bien quelque chose dont on est sûrs, question infinitude, c'est bien la connerie humaine. Enstein avait une excellente citation à ce propos. Cherchez sur Google, démerdez vous un peu bon sang!

Donc: l'Homme c'est quoi? Une bestiole poilue qui - pour faire court hein - s'est mise debout, a inventé le feu, la roue, les murs puis s'est épilé le poil en se cachant derrière ses murs. Et voilà la créature aboutie!
Du mur de Berlin au Mur des Lamentations, que de grandes réalisations! Au service de causes plus ou moins discutables.
Symptôme de notre époque, même l'interface d'un grand réseau social (que je ne citerai pas, et où je vais d'ailleurs très peu) s'appelle un...mur. J'aurais pas vu ça en premier niveau symbole de vie sociale, mais bon, pourquoi pas!

Alors bon, bref, voilà le background, comme disent ceux qui aiment bien faire les intéressants avec des mots anglais.

Il y a de cela quelques mois, nous avions parlé des murs de clôture qui ceinturent les espaces privés en laissant les espaces publics exsangues, borgnes, secs.
Eh bien, de plus en plus on voit des mairies abattre des arbres pour ne pas abîmer les murs de clôture qui ont poussé derrière. Il y a eu quelques précédents de propriétaires ayant porté plainte donc nous voilà en train de tomber dans un excès total. Peur d'être traînés en justice pour les uns, peur d'être vus et cambriolés pour les autres, le mur prend de l'importance, non plus seulement visuellement, mais juridiquement. Il devient prépondérant sur tout.

Le mur a gagné, par KO, implacablement.

Si certains pays du Nord ont déjà dépassé ce stade, force est de constater qu'ici, nous en sommes loin.
On ne se contente plus de tolérer, on sclérose activement. Et avec les compliments de la maison encore! Chacun se retranche derrière cette illusion de sécurité et c'est de plus en plus la peur qui façonne la ville.
Nous avons les espaces publics qu'on mérite et tout y est dit finalement.
Je parle bien sûrs des petits espaces publics, urbains, périurbains, ruraux, plus ou moins délaissés et subis par les communes. Carrés enherbés dérisoires et autres voies secondaires inertes.
Enfin, pendant qu'on parle, des parpaings montent et des arbres tombent; il nous faudra une fois de plus des décennies de retard sur d'autres pays pour réaliser et agir.

Le paysage français n'a pas fini de manger son pain noir et le lien social se fera encore longtemps derrière les murs de parpaings et sur les murs virtuels. Même l'art s'y invite de plus en plus, y trouvant là un support abondant.
Décidément, on n'est vraiment pas mûrs pour une nouvelle donne.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Journée thématique murs aujourd'hui.^^ Je teins à dire qu'il n'y a eu aucune concertation préalable. "C'est le hasard du calendrier" comme on dit chez les journalistes.

Anonyme a dit…

Tu veux t"éloigner du politique et le mur t'y ramène et t'y enferme. Le mur c'est la matérialisation de la propriété. Ce qui compte, c'est la propriété privée. Même ton mur fessedebook est virtuellement ta propriété (mais en réalité celle de fessedebook) et chacun élague comme il peut pour éviter les intrusions. Moi je dis tant qu'on n'en aura pas fini avec la propriété privée, il y aura de la laideur. Vive le collectivisme et vive la beauté du monde. Ou un truc du genre...

Le rageux a dit…

Il y a un bouquin paru récemment sur les murs il mesemble, Berlin, Gaza, on y ajoutera Ramonville ou le Vézinet à l'occasion.

Moi j'aime les obsessions. J'aime les gens qui s'intéressent à beaucoupde choses maisj'aime ceux aussi qui ont une idée et qui la garde, qui en font un des piliers structurants de leur existence et de leur vision du monde. Moi j'appelle ça un travailleur éclairé, un artisan de l'émancipation.

J'adore.

Donc continue à nous parler de mur Axelle RAide!