samedi 25 février 2012

Sortez de la caverne

Et voilà, on prend quelques jours de repos bien mérités (car même les plus grands, y compris quand ils sont noirs comme moi, se reposent parfois) et voilà que ce blog se trouve engoncé dans un mélange de philosophie absconse et d'idioties congénitales.

Voilà donc nos acolytes qui, ne sachant où donner du bulletin, hésitent, tergiversent, se grattouillent et s'adonnent à des activités que la morale réprouve au lieu de se fier à ce que leur conscience de classe devrait leur indiquer. Mais justement là est le problème. Réfugiés qu'ils sont dans la solitude d'une caverne égocentrique, ils ne peuvent, à l'instar du penseur éclairé, diplômé et méritant que je suis, entrevoir ces mouvements de l'Histoire que portent les masses et qui font le bois, les marées et la houle dont on fait les grandes transformations de ce monde.

Aussi vais-je, encore une fois, tenter d'éclairer leur regard embué des miasmes de leur incontinence verbale et de leur émoi mélancolico-dépressif et tenter de les convaincre de regarder une bonne fois pour toute dans le droit chemin.

Les voilà qui ambitionnent de donner leur suffrage à la norvégienne à lunettes rouges.

Quelle erreur!

Quelle erreur déjà que ce parti des Verts, déjà grimé, dilué, dissous dans un sur-ensemble Europe Ecologie attrape-centriste, qui faillit se donner à un aventurier télévisuel inconséquent, niais et ambitieux, perdu corps et biens malgré l'or idéologique en barre qu'ils avaient entre les mains, dans les négociations à petits bras, mangé par l'ogre socialiste avec lequel il a eu la naïveté (?) de se livrer à des tractations préalables qui invalident d'ores et déjà toute pertinence de leur suffrage, prisonniers enfin et surtout d'un européisme béat et fonctionnel qui lui interdit toute la radicalité que nos temps troublés réclament. Quelle erreur historique que fit ce parti, à l'origine fort gauchisant, trop vite embourgeoisé en quelques années de co-gouvernance plurielle et de municipalisation gestionnaire, qui fit accéder ses ténors aux charges que les socialistes, devenus maitres ès-gouvernements et trahison du peuple, leur avaient laissé pour joujoux.

Le PC était déjà passé par là. Au bout du compte laminé, asservi, instrumentalisé, ridiculisé, dévoyé... Qui plus est, passé à la double moulinette du devoir d'amendement aux cautions coupables qu'il apporta à l'URSS, cette grande arnaque utile du XXe siècle, et du gestionnarisme politicien à la française qui le fit sous le gaullisme et ses avatars suivants tenir le rôle de cadenas du mouvement ouvrier. Là est un autre débat qui nous ferait dériver vers les lisières de l'ultra-gauche et d'un scepticisme critique bien écrasant qui, avouons-le nous tente tous plus ou moins. Restons, pour notre propos, dans un cadre électoralement compatible, aux dimensions intellectuelles étroites certes mais qu'il faut bien voir.


Le PC au tapis, le voilà qui, grâce à cette campagne présidentielle, semble contre toute attente, retrouver quelques couleurs, quelque envie d'avoir envie. Quelque semblant (ne soyons pas naïf, l'apparatchik calculateur a la vie plus dure qu'un cafard après Hiroshima) d'autonomie politique. Je ne vais pas parler de John-Luke, même si l'homme a eu l'intelligence tactique, mais peut être aussi tout simplement parce qu'il était ainsi, de se glisser avec habileté dans le costume de Marchais, incarnant la figure du dirigeant plébéien à la française, pour le pire et le meilleur.

Non, le PC, principale composante numérique du Front de Gauche, a d'abord repris ses souffles dans les petits et grands combats de la décennie, profitant du référendum sur le TCE en 2005 par exemple, mais aussi de la frustration née des différents mouvements sociaux. Surtout le PC a rencontré ces déçus du socialisme et des Verts, ces gens pas si nombreux mais nourris aux nouvelles idées, à la contre-expertise des temps modernes, à une pensée plus critique et moins unique qui émergea, grosso merdo, au tournant des années 2000. Sociaux-démocrates repentis, libertaires pragmatiques, gauchistes édulcorés, intellectuels en rupture de chaires, radicaux-chics en mal d'action, désavoués du trotskysme fédérateur, arnaqués de la société civile, désespérés de Billancourt, Villevoorde et Arcelor-Metal, égarés de l'ultra-gauche, angoissés du bulletin rouge...

Le résultat n'est pas là parce qu'il n'en est encore qu'au stade de la constitution mais force est de constater que quelque chose est en train de s'enclencher et de se soulever, même si cette dernière formule tient pas mal de la stratégie d'auto-persuasion. Le PC a graduellement rechargé, revu et réévalué une partie de son appareil idéologique et de sa rhétorique politique. Il a aussi revivifié un vieux discours opérant mais, et c'est là sa limite, fortement coercitif aussi. Un langage direct, plébéien et populaire a peut être trouvé les conditions pour se faire entendre plus fort et par plus de gens...le contexte de crise, la radicalisation des temps fait aussi (surtout) le reste. Mais tout mouvement de gauche a toujours été affaire d'intelligence, de réflexion, d'enthousiasme, de mobilisation collective....il semblerait que les ingrédients soient en parties là...à voir.

Une élection présidentielle n'est pas la panacée pour un libertaire émancipé ( et empreint d'une négritude interne qui le pousse à clamer haut et fort sa différence), elle n'est pas un but, elle serait même plutôt une immense gabégie. Les noms, les personnes m'intéressent peu. Ce qui m'intéresse, ce sont les structures et les mouvements de fond. Je constate que le Front de Gauche est, à gauche, est le plus structuré et cohérent des mouvements de fond. Ce qui n'en fait pas pour autant un idéal...c'est un faute de mieux.


Le Front de Gauche, d'un point de vue strictement électoral - et je suis le premier à reconnaitre que ce point de vue est loin de constituer un horizon politique satisfaisant, suffisant voire même osons le mot du fils et petit-fils d'esclave que je suis, émancipateur - réalise ce qui fait le grain des grands mouvements de la gauche: la tentative d'alliance des classes populaires avec une partie des classes moyennes, celles là même qui sont menacées par la crise. Fragile est cette alliance, brumeuses sont les illusions qu'elle peut susciter. A peine en effleure-t-on la possibilité même. Et de nombreuses questions demeurent pour la suite. Que se passera-t-il l'été passé ?

Mais il n'est peut être pas l'heure de se demander ce qu'il adviendra de tout cela, pas l'heure de se dire que tout cela n'est que calcul, manipulation, stratégie... Oui, cela l'est, en partie. On le sait. Mais il y a autre chose. On peut au moins essayer d'y croire.

C'est pourquoi mes deux sceptiques acolytes doivent sortir de leur caverne : ils sont ces classes moyennes intellectuelles, cette petite bourgeoisie culturelle et humaniste, qui ont pour rôle historique de s'allier avec les classes populaires pour prendre le pouvoir. Cette classe même qui a trahit depuis 1981, et peut être même depuis toujours. Il ne s'agit pas d'être des profiteurs, ni même des guides, il s'agit d'abord de voir des intérêts communs et d'agir en fonction. Certes un bulletin ne fait pas tout, mais il fait quand même un peu...et vu où nous en sommes...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Roots ton esprit est enfumé gars. Nanmésandékoné. Regarde le débat contre Le Pen et tu verras le côté pathétique de la situation. La stratégie adoptée montre ses limites et elles sont nombreuses. Je ne veux aps d'un candidat qui court après Marine Le Pen et qui veut utiliser les mêmes méthodes que son père (à elle) alors qu'elle-même y tourne le dos. C'est navrant vois-tu?

Le rageux a dit…

Moi je m'en fous du candidat. TU es aveuglé par la dimension personnelle de la chose. Cela distord ta capacité de perception et d'entendement du monde. Je te reprocherais presque d'être un crypto-fasciste désirant le chef pour le chef.

Le rageux a dit…

Et pour revenir juste un instant sur le candidat, je te soupçonne de ne voir de lui que les moments les plus vendeurs et éruptifs que les médias sélectionnent, ce à quoi il ne peut se résumer. Mais de toute façon, tu n'es pas amendable sur ce point là. j'essayais d'aller au delà de ce débat de la personne mais comme tu es de mauvaise foi tu y renvoies car à l'instar de Marine Le Pen, tu es à court d'argument ! Tu es un peu la Marine Le Pen de ce blog d'ailleurs...

Anonyme a dit…

Le FG sans Mélenchon c'est du flan, il ne tient que parce qu'il y a un chef et c'est eux qui jouent la personnalisation et le culte de la personnalité... C'est le retour du stalinisme mou... Vous êtes des iconodules et pis c'est tout!

Le rageux a dit…

Homme de mauvaise foi !

http://issuu.com/placeaupeuple_2012/docs/humain_dabord/38

Ataru a dit…

Pour ce qui est de l'alliance des classes pouplaires et moyennes, c'est une évidence.... Je me souviens quand je commentais avec mes étudiants un discours de Prim au début de la révolution de 1868, visant à séduire la petite et moyenne bourgeoisie effarée de voir l'alliance entre l'aristocratie de la cour et la grande finance, qui spéculaient allègrement en bourse avec leurs épargnes. Bah on est exactement là à nouveau. C'est impressionnant de voir la virulence du discours d'une certaine bourgeoisie espagnole, pas si petite que ça d'ailleurs. Comment ils sont progressivement poussés vers la radicalité (et, il est vrai, comment ils vont être vite effarouchés quand ça va mal tourner, mais ça sera déjà trop tard :P)